De l’indifférence à l’amour en passant par la différence, Intouchables revient vers une vérité essentielle : l’amitié n’a pas de frontière. Et l’on pourrait aussi intégrer : nous sommes tous différents, mais humains. De l’idée d’humanité ici éclot celle de la dignité. Cela nous ramène aux droits humains : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. (Art. 1).
On pourrait s’arrêter là, car tel est, en d’autres mots, le résumé du téléfilm Intouchables.
Pourtant, un slogan, un article, une devise, une parole n’ont parfois de réalisme que la beauté des mots, l’agencement des concepts. Et c’est ce qui fait toute la différence avec Intouchables, parce que Intouchables est issu d’une histoire vraie ; il est merveilleusement interprété par Omar Sy et François Cluzet au sommet de leur art, de leur humanité-amitié-fraternité, car il faut parfois cette trilogie pour pouvoir vivre le dépassement.
BANDE ANNONCE
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Dans le film, il ne s’agit donc pas de montrer que l’un a pitié de l’autre ou que l’autre subit les humeurs de l’un. Cela existe certainement au début, comme dans toutes les relations d’ailleurs, lorsque la spontanéité n’est toujours pas au rendez-vous. Driss, avec toute sa naturalité demeure certes spontané, mais il y a en lui le souvenir de la prison, des quartiers marginalisés. Il y a aussi la responsabilité quand on est aîné, d’un cousin que les gangs cherchent à manipuler ; responsable d’une famille. Pour cela, il faut travailler. Travailler signifie ici accepter n’importe quel emploi, ce qui arrive très souvent aux personnes de son milieu. Il dit ce qu’il pense, sans filtres, s’étonne de tout… et Philippe aime cette spontanéité. Une aventure humaine qui l’interpelle. Il va embaucher Driss.
Le jeu
L’humour sans lourdeur, dosé, précis, ciblé… naturel.
L’émotion est au rendez-vous, car même lorsque Driss veut jouer au dur, il y a quelque chose en lui qui lui rappelle qu’il est en face d’un humain, d’un ami. Il s’attache. Cet attachement amènera Philippe à l’épanouissement et à l’ouverture.
Une amitié touchante entre deux personnes venues de deux univers diamétralement opposés, en termes de classe sociale.
La réalisation est bien maîtrisée.
Ce film rappelle simplement notre vie…
Le plus
Les entretiens m’ont fait sourire parce qu’ils m’ont rappelé que bien souvent, on perd notre naturel pour faire plaisir à l’employeur, pour décrocher le travail à tout prix… et finalement pour conduire l’employeur à faire un mauvais choix. Avec des réponses toutes faites, on a un seul objectif : le poste parce que nous voulons sortir du chômage. à tout prix.
Répliques du film
Si je connais, c’est une pub ! Pour du café non ?
[…]
Oyez, oyez parmandas, on m’attend au château de Vaux-le-Viconte je dois y conduire des menestrelles ! Oui je suis bon chevalier !
[…]
Ah non c’est chelou, c’est des gens qui sont pas vêtus. Je vois des gens courir, mais, mais pas d’habits. Et ça glousse. Il était chaud Bach ! Il devait emballer avec ça lui, c’est le Barry White de l’époque !
[…]
Je connais celle-là ! Si, si je la connais, tout le monde la connait ! Mais si ! « Bonjour, vous êtes bien aux ASSEDIC de Paris, toutes nos lignes sont actuellement occupées, le temps d’attente est d’environ 2 ans. »
[…]
C’est Tom & Jerry ça non ?
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Driss : Et ça coûte combien, ça ?
La vendeuse : Je crois qu’il est à 30 000 euros, mais je peux vérifier si vous voulez.
Driss : Ouais vaut mieux vérifier quand même ! Ça me parait exagéré comme prix. [Elle part vérifier] Vous allez pas acheter cette croûte-là à 30 000 euros ? Le mec il a saigné du nez sur un complot et il d’mande 30 000 euros ?
Philippe : Aller arrêtez de dire n’importe quoi et donnez-moi un chocolat.
Driss : Nan.
Philippe : Donnez-moi un chocolat.
Driss : Pas d’bras, pas d’chocolat.
Philippe : …
Driss : C’est une vanne, hein ! Nan, mais je déconne !
Au sujet du film