Au commencement était le Slam
Ceux qui sont des habitués de l’Institut français du Cameroun (IFC), que ce soit à Douala ou à Yaoundé, ont vu Ernis au moins une fois sur scène et connaissent sa passion pour le Slam. Mais le Slam n’est que la continuité et la réincarnation de son amour pour la poésie, à travers laquelle elle entre à l’écriture. Pour cela, on se souvient qu’en 2017, pour la catégorie Poésie, elle faisait partie des lauréat. e. s du Concours littéraire national des jeunes auteurs, organisé par le ministère des Arts et de la Culture camerounais.
C’est en 2018 qu’elle entame son petit bonhomme de chemin avec le Slam. Et cette idylle n’a point eu de faille durant ces quatre années écoulées : « l’aventure du Slam débute en 2018, j’écrivais déjà depuis bien longtemps. Marre d’entendre le silence de mes poèmes qui vieillissaient dans mon tiroir, j’avais décidé de les déclamer, de les partager avec le monde, avec l’inconnu. C’est alors que j’écoute Cayla du Madagascar et je fais connaissance du collectif 237 à Yaoundé. C’est le début de mon modeste parcours de Slameuse qui dure quatre ans aujourd’hui. »
Comme une reine…
De son vrai nom Clémence Lontsi, Ernis est née en 1994, à Bafoussam, au Cameroun. Elle a fait des études de philosophie et anime constamment des ateliers de Slam à Douala, sa ville de résidence. La jeune écrivaine n’a jamais caché son attachement à sa culture ouest-camerounaise d’origine. Et son roman, Comme une reine, initialement intitulé Médium, est justement une confrontation de la modernité avec les traditions africaines qui agonisent. Il relate l’histoire d’une jeune femme qui vit dans la capitale économique du Cameroun, Douala, et décide d’un retour aux sources, son village, qui l’a vue naître et grandir. Là-bas, elle se découvre certains pouvoirs ancestraux reçus des femmes qui l’ont élevée. Elle décide de mettre ces pouvoirs au service de sa communauté.
« J’ai écrit ce roman alors que je ne pouvais plus garder secrètes toutes mes conversations avec les femmes du village. Des femmes au destin commun qui bravent le quotidien et l’améliorent », confie-t-elle. Ce roman est donc par ailleurs l’expression de la volonté de Ernis, de rendre hommage aux femmes qui vieillissent sous le poids de la pauvreté au fond des villages africains et ont juste besoin de si peu pour être heureuses. Ernis est par conséquent la voix qui porte plusieurs autres, une voix qui chante l’intimisme de la femme et questionne sa place en Afrique, dans le monde.
Il faut dire que le Prix littéraire Voix d’Afriques est né de la volonté de RFI et des Éditions JC Lattès, en partenariat avec la Cité Internationale des Arts, de faire émerger de nouvelles plumes francophones africaines. Il est question de « soutenir et mettre en lumière les nouvelles voix littéraires africaines, des romans reflétant la situation d’un pays, une actualité politique, économique ou sociale ou des textes plus intimistes. » Ainsi, ce prix est réservé aux jeunes de moins de 30 ans, n’ayant jamais publié de roman et résidant dans un pays d’Afrique.
La lauréate aura droit à une résidence de deux mois à la Cité Internationale des Arts, à Paris. Et c’est parti pour une grande campagne de promotion de son livre dans les médias, et dans les événements littéraires à venir.
Boris Noah