Le groupe Magic System : de la musique à l’humanitaire

Le groupe Magic System fait danser les populations d’ici et d’ailleurs à travers ses chansons tirées du Zouglou et d’autres sonorités africaines. C’est l’un des rares groupes de musique en Afrique que le succès n’a pas séparé, après plus de deux décennies d’existence. Au-delà de faire danser, A’salfo et sa bande ont décidé de donner du sourire aux populations vulnérables de la Côte d’Ivoire, et plus largement de l’Afrique, en créant une fondation qui porte leur nom. Un bel exemple de solidarité, d’altruisme et de philanthropie pour ce groupe qui a su construire son succès au fil de la persévérance.

Des débuts difficiles

Le groupe Magic System se forme au milieu des années 1990. Originaires du quartier populaire de Marcory à Abidjan, A’salfo, Goudé, Tino et Manadja n’ont qu’un rêve : sortir de la précarité qui accompagne leur quotidien. Pour eux, cela n’est possible qu’à travers la musique, un monde assez difficile dans lequel ils rêvent malgré tout de se frayer un chemin. Ils sont progressivement connus dans les manifestations scolaires et sportives de leur ville de résidence, et la tendance de cette époque leur réussit. En effet, le groupe se forme au moment où le Zouglou -rythme musical populaire porté par une jeunesse qui exprime un certain malaise social -connaît une expansion fulgurante. Ils sont donc de petites stars du quartier mais ne s’en contentent pas, d’autant plus qu’ils peinent à manger à leur faim.

La bande à quatre, dont la fougue et la motivation ne tarissent point, rencontre le producteur Claude Bassolet et décide alors de mettre sur pied un projet musical. C’est ainsi que le groupe sort son premier album intitulé : « Papitou », en 1997. Le titre « Momo », mis en exergue et porté par la voix du leader du groupe, A’salfo, donne l’impression d’un succès. Il est joué en boucle dans plusieurs médias et boîtes de nuit de la Côte d’Ivoire. Mais à leur grande surprise, l’album connaît un succès commercial lamentable. Difficile pour eux de savoir qu’on danse au rythme de leur chanson dans presque tout le pays, mais les retombées financières sont inexistantes. Le groupe est dans l’impasse !

Mais il est tôt de se décourager, pensent-ils. A’salfo et ses acolytes croient en eux, à leurs talents et ne sont pas prêts à abdiquer. Ils continuent à travailler et se lancent dans un nouveau projet. Il s’agit de leur deuxième album qu’ils veulent enregistrer mais manquent d’argent pour sa production. Mais au bout de leurs efforts, un concours de circonstances tournera à leur faveur.

« Premier Gaou » et la suite…

Le deuxième album du groupe Magic System arrive en 1999. C’est en fait cet album, avec notamment le titre « Premier Gaou », qui permettra à Magic System de goûter aux fruits du succès, peut-être un peu plus qu’ils ne l’auraient imaginé. Le titre « Premier Gaou » qui parle d’un amour fondé sur le matériel, permettra au groupe de sortir pour la première fois de leur Côte d’Ivoire natale et de faire plusieurs concerts à travers le monde. Et il enregistrera des ventes énormes avec à la clé de belles entrées financières qui, enfin, les mettront à l’abri de la précarité dont ils ont toujours voulu sortir.

Mais nombreux ignorent l’histoire cachée derrière l’enregistrement de cette chanson qui a révélé A’salfo, Goudé, Tino et Manadja à la face du monde. Un jour, Magic System décide de contacter David Tayorault pour lui demander une faveur. Ils veulent enregistrer la chanson « Premier Gaou » dans le studio de ce dernier, mais ils n’ont pas d’argent. David Tayorault accepte et leur demande de passer le même jour à vingt heures. Malheureusement, les quatre musiciens n’ont pas l’argent de transport et A’salfo est malade. Mais c’est une occasion à ne pas rater, et le leader du groupe qui le sait très bien prend la responsabilité de demander de l’argent chez quelques personnes de son quartier jusqu’à ce qu’il atteigne la somme exacte qui pouvait leur permettre d’arriver au lieu d’enregistrement.

A leur arrivée, ils trouvent que Tayorault est rentré ! Le gardien leur permet néanmoins d’y passer la nuit puisqu’ils n’ont pas les frais de transport pour rentrer. Par coup de sort, le propriétaire du studio revient à une heure du matin pour chercher la souris de son ordinateur qu’il a oubliée à son départ. Il est surpris de trouver le groupe à son studio et c’est là qu’il se rappelle leur avoir donné un rendez-vous. Il leur demande d’entrer en studio pour faire un enregistrement qu’il modifiera lorsqu’il aura le temps, leur dit-il. A’salfo, malade, va chanter accroupi. Mais la version enregistrée ce soir ne sera plus jamais retouchée et c’est elle qui sera écoutée à travers le monde dès la fin d’année 1999 !

Après l’euphorie de cette chanson, Magic System ira de succès en succès. Le groupe compte une dizaine d’albums, seize disques d’or et trois disques de platine. Il a fait de nombreuses tournées partout dans le monde et a collaboré avec de grands artistes d’ici et d’ailleurs. Après plus de vingt-cinq ans de carrière ; A’salfo, Manadja, Tino et Goudé n’ont pas toujours été en accord sur plusieurs points, mais ils continuent d’être ensemble et d’écrire leur histoire.

La Fondation Magic System

www.facebook.com/FondationMagicSystem

La Fondation Magic System a été créée en 2014 par A’salfo et ses compagnons, pour apporter de l’aide aux populations ivoiriennes dans plusieurs domaines. C’est « une organisation à but non lucratif, reconnue d’utilité publique qui œuvre pour le bien-être des populations à travers des actions sociales dans le domaine de l’éducation, la santé, l’environnement et la culture ».

Depuis sa création, la Fondation Magic System a posé plusieurs actions à l’endroit des plus vulnérables ainsi que des nécessiteux. Le bien-être et l’avenir des enfants faisant partie de ses plus grandes préoccupations, elle organise constamment des événements pour lutter contre les violences faites aux enfants. Car, pense-t-elle, « une Côte d’Ivoire sans violence faite aux enfants » est possible si malgré les divergences politiques et autres revendications, les acteurs sociopolitiques ivoiriens arrivent à concevoir que ce sont ces enfants qui construiront la Côte d’Ivoire de demain. Et par conséquent, il faut leur offrir des conditions de vie tout au moins acceptables et c’est pour cette raison que la fondation met un accent particulier sur l’éducation.

Avec l’appui de plusieurs ONG et en partenariat avec d’autres fondations, la Fondation Magic System a entrepris la construction des écoles dans les zones enclavées de la Côte d’Ivoire. Tandis que certaines sont encore en construction, plusieurs écoles ont déjà été construites, comme l’école primaire d’Ellokro dans la commune de Port-Bouet qui a ouvert ses portes pour le compte de l’année scolaire 2022-2023. Comme autre exemple en lien avec l’éducation, pendant la crise sanitaire qui a impliqué le confinement dans différents pays, la fondation a créé une plateforme de cours en ligne dans l’optique d’aider les élèves et les étudiants à suivre les cours depuis leurs domiciles.

Sur le plan de la santé, en partenariat avec l’Union Européenne notamment, la fondation a accompagné les efforts du gouvernement ivoirien dans la lutte contre la Covid-19, en offrant des produits alimentaires et hygiéniques, et du matériel de prévention du virus à de milliers de foyers de plusieurs localités de la Côte d’Ivoire. Et par ailleurs, la fondation est engagée dans la protection de l’environnement. Elle a mené plusieurs campagnes de reboisement à travers la Côte d’Ivoire et travaille dans le recyclage des déchets.

Enfin, il est à noter que la Fondation Magic System vise à élargir son action dans plusieurs autres pays africains. L’élan humanitaire du groupe Magic System n’est donc pas sur le point de s’arrêter, et cela trouve son sens le plus noble dans cette déclaration de A’salfo, le président de la fondation : « quand on réussit dans la vie, on n’oublie pas de soutenir ceux qui vivent encore dans des conditions difficiles ».

https://www.youtube.com/watch?v=qOBO8Gwvik8

Boris Noah

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