L’auteure et sa production littéraire
Brigitte Giraud est née en Algérie en 1960. Mais la plus grande partie de sa vie, elle la passe à Lyon, où elle vit et travaille actuellement. Après ses études de lettres, l’écrivaine française travaille comme libraire, journaliste, éditrice et traductrice. Également Critique littéraire, plusieurs de ses textes ont été publiés dans des Revues telles que NRF et Aube Magazine. Auteure d’une dizaine de romans, récits et nouvelles, Brigitte Giraud a aussi participé à plusieurs livres collectifs. Après avoir été chargée de la programmation de la Fête du Livre de Bron, elle en est actuellement la conseillère littéraire.
Brigitte Giraud publie son premier livre, La Chambre des parents, en 1997, aux Éditions Fayard. Ce roman qui porte sur un parricide lui permet de gagner le Prix des étudiants la même année. Après suivront une série de romans publiés chez Stock : Nico (1999) ; Marée noire (2004) ; J’apprends (2005) ; Une Année étrangère (2009) ; Pas d’inquiétude (2011) ; Avoir un corps (2013) et Nous serons des héros (2015). Et chez Flammarion, elle publie notamment Un loup pour l’homme (2017) et Jour de courage (2019).
Avant de remporter le Prix du jury Jean-Giono pour Une Année étrangère en 2009, elle reçoit en 2001, la mention spéciale du Prix Wepler pour son premier récit, À présent, paru chez Stock la même année. Elle devient aussi lauréate du Prix Goncourt de la nouvelle en 2007, pour son recueil L’Amour est très surestimé (Stock, 2007). Dans l’ensemble, les textes de Brigitte Giraud sont traduits dans une vingtaine de pays et ont plusieurs fois fait partie, depuis 2001, de la sélection des Prix Femina, Médicis, du Livre Inter et du Goncourt entre autres.
Hommage au conjoint décédé
Ce Prix Goncourt que vient de recevoir Brigitte Giraud lui est symbolique pour plusieurs raisons. La principale raison c’est qu’il est un hommage à son compagnon, Claude, décédé brutalement le 22 juin 1999 dans un accident de moto. L’accident survient pendant que Claude, âgé de 41 ans, allait chercher leur fils Théo à l’école. Brigitte Giraud, de retour d’un voyage à Paris, est accueillie par la triste nouvelle. Après avoir acheté une maison à Lyon, le couple épris de culture -le mari, critique musical pour Le Monde et sa femme, écrivaine et amoureuse de Rock comme son mari -n’y aménagera malheureusement pas ensemble. Le Destin en a décidé autrement !
Vivre vite est par conséquent le récit de cette tragique disparition et la manifestation de cette douloureuse blessure que l’auteure continue de porter, plus de vingt ans après, bien qu’elle en eût déjà parlé dans son livre A présent en 2001. Dans ce récit, elle questionne toutes les hypothèses qui auraient pu permettre à son mari d’éviter cet accident qui leur a coûté leur bonheur. « Je ne sais plus à quand remonte ce projet d’écrire à partir d’hypothèses, mais ce que je sais, c’est que l’accident de mon compagnon est inexpliqué […] On m’a rendu un rapport de police qui posait plus de questions qu’il ne donnait de réponses. Et j’ai eu besoin de mener une enquête sur mon existence, sur nos existences à la fin du XXᵉ siècle, et sur la façon dont tous les événements se sont enchaînés de façon plus ou moins foutraque », confiait-elle à France Inter en septembre 2022.
C’est donc un texte à la fois émouvant et courageux qui « pose avec beaucoup de simplicité et d’authenticité la question du destin » (Didier Decoin). Sa dimension intime et autobiographique repose sur une branche universelle sur laquelle chacun peut s’accrocher. Il arrive à susciter chez chaque lecteur, un questionnement sur sa vie, sur son destin, ce qui se pose comme un argument de poids pour cette consécration. Pour cela, comme l’a dit Brigitte Giraud après l’annonce du prix, « l’intime n’a de sens que s’il résonne avec le collectif […] J’ai envie de penser que les jurés ont vu cette dimension beaucoup plus large qu’une simple vie intime, qu’une simple destinée. »
Comme à l’accoutumée, le Prix Renaudot a également été remis juste après le Goncourt. Il a été remporté par Simon Liberati, pour son roman Performance (Grasset). Auteur des livres comme Anthologies des apparitions (Flammarion, 2004), Jayne Mansfield 1967 (Grasset, 2011) ou encore Occident (Grasset, 2019) ; l’écrivain français de 62 ans succède ainsi à la Belge Amélie Nothomb, lauréate en 2021 avec son roman Premier sang.
Boris Noah