Le Prix Voix d’Afriques 2022 : la nouvelle voix connue !

Après Yaya Diomandé et Fann Attiki, Ernis est la nouvelle voix littéraire africaine révélée par le Prix littéraire Voix d’Afriques. La jeune écrivaine et slameuse camerounaise est la troisième lauréate de ce prix, pour son roman intitulé Comme une reine, publié aussitôt par les Éditions JC Lattès. Ernis devient donc la première voix féminine des lauréats de ce prix, et cela est symbolique lorsqu’on connait son engagement pour la cause féminine.

Au commencement était le Slam 

   

Ceux qui sont des habitués de l’Institut français du Cameroun (IFC), que ce soit à Douala ou à Yaoundé, ont vu Ernis au moins une fois sur scène et connaissent sa passion pour le Slam. Mais le Slam n’est que la continuité et la réincarnation de son amour pour la poésie, à travers laquelle elle entre à l’écriture. Pour cela, on se souvient qu’en 2017, pour la catégorie Poésie, elle faisait partie des lauréat. e. s du Concours littéraire national des jeunes auteurs, organisé par le ministère des Arts et de la Culture camerounais.

C’est en 2018 qu’elle entame son petit bonhomme de chemin avec le Slam. Et cette idylle n’a point eu de faille durant ces quatre années écoulées : « l’aventure du Slam débute en 2018, j’écrivais déjà depuis bien longtemps. Marre d’entendre le silence de mes poèmes qui vieillissaient dans mon tiroir, j’avais décidé de les déclamer, de les partager avec le monde, avec l’inconnu. C’est alors que j’écoute Cayla du Madagascar et je fais connaissance du collectif 237 à Yaoundé. C’est le début de mon modeste parcours de Slameuse qui dure quatre ans aujourd’hui. »

Comme une reine…

De son vrai nom Clémence Lontsi, Ernis est née en 1994, à Bafoussam, au Cameroun. Elle a fait des études de philosophie et anime constamment des ateliers de Slam à Douala, sa ville de résidence. La jeune écrivaine n’a jamais caché son attachement à sa culture ouest-camerounaise d’origine. Et son roman, Comme une reine, initialement intitulé Médium, est justement une confrontation de la modernité avec les traditions africaines qui agonisent. Il relate l’histoire d’une jeune femme qui vit dans la capitale économique du Cameroun, Douala, et décide d’un retour aux sources, son village, qui l’a vue naître et grandir. Là-bas, elle se découvre certains pouvoirs ancestraux reçus des femmes qui l’ont élevée. Elle décide de mettre ces pouvoirs au service de sa communauté.

Photo : Facebook de l’auteure

« J’ai écrit ce roman alors que je ne pouvais plus garder secrètes toutes mes conversations avec les femmes du village. Des femmes au destin commun qui bravent le quotidien et l’améliorent », confie-t-elle. Ce roman est donc par ailleurs l’expression de la volonté de Ernis, de rendre hommage aux femmes qui vieillissent sous le poids de la pauvreté au fond des villages africains et ont juste besoin de si peu pour être heureuses. Ernis est par conséquent la voix qui porte plusieurs autres, une voix qui chante l’intimisme de la femme et questionne sa place en Afrique, dans le monde.      

Il faut dire que le Prix littéraire Voix d’Afriques est né de la volonté de RFI et des Éditions JC Lattès, en partenariat avec la Cité Internationale des Arts, de faire émerger de nouvelles plumes francophones africaines. Il est question de « soutenir et mettre en lumière les nouvelles voix littéraires africaines, des romans reflétant la situation d’un pays, une actualité politique, économique ou sociale ou des textes plus intimistes. » Ainsi, ce prix est réservé aux jeunes de moins de 30 ans, n’ayant jamais publié de roman et résidant dans un pays d’Afrique.

La lauréate aura droit à une résidence de deux mois à la Cité Internationale des Arts, à Paris. Et c’est parti pour une grande campagne de promotion de son livre dans les médias, et dans les événements littéraires à venir.

Photo: Facebook de l’auteure

Boris Noah

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimeriez lire également:

Salon du livre des Auteurs d’ici et d’ailleurs — 28 janvier 2024 à Québec: À la rencontre de Solange Satyre, auteure et promotrice

Bonjour, Solange, pouvez-vous nous parler de votre rôle spécifique dans l’organisation du Salon du livre « Auteurs d’ici et d’ailleurs » ? Je suis la promotrice du projet. En fait, le projet du salon vient tout de suite après la parution de notre tout premier livre en collaboration avec M. Jean Ricot Brutal. Nous voulions organiser une vente-signature

Lire plus

Le prix Orange du livre en Afrique 2024 : Dibakana Mankessi, lauréat

L’écrivain et sociologue congolais Dibakana Mankessi a remporté, samedi à Rabat, le prix Orange du Livre en Afrique 2024 pour son ouvrage « Le psychanalyste de Brazzaville ». Description du livre Brazzaville dans les années 60. Le docteur Kaya est le seul psychanalyste de la ville. Sur son divan, il accueille l’élite africaine, ainsi que des européens.

Lire plus

Le Goncourt du printemps 2024

Annabella Morelli, vingt-trois ans, habite dans le Vieux Lyon, loin du Congo-Brazzaville où elle est née. Elle est étudiante, amoureuse et se rêve poétesse. Ses parents : un ouvrier franco-italien exilé en Afrique ; une villageoise congolaise, devenue mère trop jeune.  De son enfance, Annabella se rappelle l’odeur du karité, les danses endiablées et les éclats

Lire plus

Prix des libraires du Québec 2024

Essai  La société de provocation Dahlia Namian Pendant que l’on contraint les migrants à errer dans des camps ou à sombrer dans la mer, des traders de bitcoin et des pirates libertariens perfectionnent l’art de la fuite et se réfugient sur leurs mégayachts, leurs îles artificielles, voire dans des fusées à l’allure phallique. Tandis que

Lire plus

« Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne peut s'exprimer qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »

Publicité

un Cabinet de conseil juridique et fiscal basé à Ouagadougou au Burkina Faso

Devis gratuit