J’ai choisi ce livre sans rien connaître de son contenu et de son auteur. J’étais attirée par son titre « Désir d’Afrique ». J’ai eu la bonne surprise de découvrir la première histoire de la littérature négro-africaine en langue française, écrite par un Africain. L’auteur de cet essai est l’écrivain et éminent critique littéraire congolais Boniface Mongo-Mboussa. Docteur en littérature comparée, il enseigne les littératures francophones. Il est également l’un des fondateurs et corédacteurs en chef de la revue « Africultures », consacrée aux arts et à la culture de l’Afrique et de ses diasporas. Cet ouvrage est encore considéré, vingt ans après sa première parution, comme « le livre-phare des littératures africaines ».
Pour commencer, Boniface Mongo-Mboussa réhabilite les classiques de la littérature négro-africaine, trop souvent disqualifiés ou ignorés par les autres critiques littéraires et largement méconnus du public. Ces classiques africains, qu’il nous exhorte à lire, marquent une continuité avec les œuvres modernes quand certains sont d’une modernité déconcertante. Là où d’autres auraient seulement dressé une liste non exhaustive, il nous offre une bibliographie complète de ces œuvres classiques. Il nous présente tous les pères fondateurs, leurs œuvres fondamentales et les thèmes abordés par celles-ci, en commençant par « Chaka » le roman épique de Thomas Mofolo considéré comme le premier classique africain.
Tout au long de cet essai, Boniface Mongo Mboussa se sert d’un jeu de questionnements divers adressés aux auteurs et aux critiques littéraires ayant travaillé sur leurs œuvres. Il donne la parole à quelques grandes figures de la littérature africaine comme Wole Soyinka, Mongo Beti et Cheikh Hamidou Kane, en transcrivant leurs interviews. Ainsi, cet essai particulièrement bien construit nous fait découvrir un bon nombre d’écrivains africains et antillais, répartis selon plusieurs thèmes. L’ensemble constitue un large panorama de ceux qui ont fait la littérature afro (africaine et antillaise) de ses débuts jusqu’aux années 2000.
Sur ce panorama figurent les poètes de la Négritude Léon Gontran-Damas et Aimé Césaire ainsi que l’écrivain de la créolité Edouard Glissant. Y figurent également les écrivains africains Ferdinand Oyono, Chinua Achebe et Sembène Ousmane. On y trouve aussi les écrivains du Fest’Africa de Kigali au Rwanda, ayant écrit sur le génocide comme Véronique Tadjo et Boubacar Boris Diop. On y voit forcément Abdourahman Waberi, Sami Tchak et Ken Bugul parmi les auteurs qui occupent la scène littéraire francophone en 2000. Les flamboyants Congolais Sony Labou Tansi et Tchicaya U Tam’si, grand inspirateur de notre magazine Outamsi, y occupe également une belle place.
Ahmadou Kourouma, dans la préface de cet essai, qualifie affectueusement les écrivains africains de « chevaliers de la plume » pour rendre hommage à leurs différents combats, dont le premier, et non des moindres, demeure encore aujourd’hui d’être lus. Grâce à ce remarquable ouvrage, vous pourrez plus aisément choisir ceux que vous lirez par la suite. Ce choix sera forcément différent pour chacun de nous. Toutefois, grâce à cet essai, vous aurez entendu parler de tous !
Références
Boniface Mongo Mboussa, Désir d’Afrique,
Ayaba