L’écrivain norvégien Jon Fosse succède à Annie Ernaux, en remportant le Prix Nobel de littérature 2023. L’Académie de Suède a salué « ses pièces de théâtre et sa prose novatrices qui ont donné une voix à l’indicible ».
Certains noms sont plusieurs fois revenus cette année comme des favoris pour le Prix Nobel de littérature : l’auteure chinoise Can Xue, l’écrivain d’origine kenyane Ngugi Wa Thiongo, Rushdie Salman — victime d’une agression au couteau en août 2022 — et, notamment, l’écrivaine russe Ludmila Oulitskaïa connue pour ses prises de position contre le régime de Vladimir Poutine. Mais c’est finalement l’écrivain norvégien de 64 ans qui a été choisi par le Jury de la prestigieuse récompense, tout en précisant par ailleurs que son écriture « présente des situations quotidiennes immédiatement reconnaissables dans nos propres vies ».
Dans sa prise de parole après l’annonce du prix, Jon Fosse s’est dit bouleversé par cette consécration malgré le fait que son nom avait été cité plusieurs fois depuis 2013 : « Je suis bouleversé et reconnaissant. Je considère qu’il s’agit d’une récompense pour la littérature qui vise avant tout à être de la littérature, sans autre considération », déclare-t-il.
Il faut dire que Jon Fosse est un écrivain pas très connu du grand public francophone. Pourtant, il a publié de nombreuses pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des poèmes, des essais et des livres pour enfants. Et ses livres, écrits en néo-norvégien, sont traduits en une trentaine de langues parmi lesquelles le français. Aussi, il est l’un des dramaturges dont les pièces de théâtre sont les plus jouées en Europe. Avant son Prix Nobel, il a reçu de multiples distinctions en Norvège, le Prix nordique de l’Académie suédoise en 2007, le Prix international Ibsen, le Prix européen de littérature en 2014, le Grand Prix de littérature du Conseil nordique en 2015 et bien plus.
Né en septembre 1959, en Norvège, Jon Fosse publie son premier livre intitulé Raudt, svart en 1983 — littéralement « Rouge, noir », le livre n’est pas encore traduit en français. Mais c’est en 1981 qu’il entre en littérature, avec la publication de sa nouvelle Hen (« lui ») parue dans une revue. Il construira son succès avec le théâtre dès les années 1990 et sera révélé en France par les metteurs en scène comme Claude Régy, Jacques Lassalle et Patrice Chéreau. Progressivement, ses livres seront traduits en français par Terje Sinding, Marianne Ségol-Samoy, Jean-Baptiste Coursaud, etc. On peut citer certains de ses théâtres : L’Enfant (L’Arche, 1998) ; Quelqu’un va venir (L’Arche, 1999) ; Et jamais nous ne serons séparés (L’Arche, 2000) ; Variations sur la mort (L’Arche, 2002) ; Jeune fille sur un canapé (L’Arche, 2020). Et certains de ses romans qui ont également eu du succès : Melancholia I (1998) ; Melancholia II (2002) ; La Remise à bateaux (2007) ; Insomnie (2009) ; Au Tomber de la nuit (2016).
Ce Prix Nobel est une célébration du genre théâtral puisque c’est le succès théâtral du lauréat qui est fondamentalement mis en avant. Cela faisait justement beaucoup d’années qu’un dramaturge n’avait pas reçu cette récompense. Il entre ainsi dans le cercle fermé de quelques grands noms du théâtre ayant reçu le Nobel : Samuel Beckett, Bernard Shaw, Eugène O’Neill et Luigi Pirandello entre autres. Aussi, Jon Fosse devient le quatrième norvégien à recevoir le Prix Nobel de littérature. Avant lui, il n’y a eu que Bjørnstjerne Martinus Bjørnson en 1903, Knut Hamsun en 1920 et Sigrid Undset en 1928.
Boris Noah