Le Prix Pulitzer, une distinction vénérée, honore chaque année l’excellence dans le journalisme, la littérature et la musique aux États-Unis. Institués par le visionnaire journaliste Joseph Pulitzer, ces prix sont gérés par l’éminente Université Columbia à New York. Du journalisme d’investigation à la critique, de la fiction à la poésie, en passant par le théâtre et la musique, les catégories célèbrent la diversité et l’érudition dans ces domaines. Les lauréats, récompensés par une médaille et un prix en espèces, sont reconnus comme des figures d’excellence, élevant ainsi les standards de qualité et de mérite dans les arts et le journalisme.
L’année 2024 a vu l’écrivaine Jayne Anne Phillips être couronnée du prestigieux Prix Pulitzer pour son roman « Night Watch », paru le 19 septembre précédent chez Knopf. Malheureusement non encore traduit en français, ce récit marque un jalon dans la carrière de Phillips, déjà distinguée pour son talent littéraire. D’autres récompenses ont également été décernées, couvrant un large éventail de genres littéraires, de la biographie à la poésie.
« Night Watch » transporte le lecteur dans les tourments des années 1864 et 1874, à la fin de la guerre civile américaine et dans les séquelles qui en découlent. L’histoire se déroule dans un paysage désolé, peuplé d’hommes déchus, tourmentés, affamés et désorientés par les ravages de la guerre. Parmi eux, un personnage sinistrement nommé Papa se dirige vers une crête où réside une jeune femme nommée Eliza, en compagnie de sa fille ConaLee. Plus haut sur la crête, réside Dearbhla, leur « grand-mère voisine », guérisseuse autrefois habitante d’une plantation d’esclaves dans le Sud. L’atmosphère est imprégnée de mystère alors que Dearbhla s’adonne à ses rituels de guérison, confectionnant des potions et accrochant des talismans pour conjurer la chance.
Papa, figure trouble du roman, est un être dénué de scrupules, englouti par la débauche et la violence. Sous son joug, Eliza perd rapidement l’usage de la parole, réduite au silence par les épreuves qu’elle subit. Après avoir dépouillé mère et fille de tout ce qu’il pouvait leur prendre, Papa les abandonne à l’asile de Trans-Allegheny, un lieu bien réel et imposant situé à Weston, en Virginie-Occidentale. Les médecins de l’époque prônaient un « traitement moral », et c’est dans cet environnement que Eliza et ConaLee trouvent un semblant de rétablissement, jusqu’à ce que d’anciens démons ressurgissent pour les hanter à nouveau.
Parmi les œuvres de Jayne Phillips déjà traduites en français, on retrouve « Billets noirs » (Belfond, 1982), « Rêves de machine » (Albin Michel, 1992), « Camp d’été » (Plon, 1996), « Voies express » (Christian Bourgois, 1990), « Traits d’union » (Christian Bourgois, 2001), « Lark et Termite » (Christian Bourgois, 2009), et plus récemment « Tous les vivants », édité chez L’Olivier en 2016 dans l’hexagone.