Contexte de découverte du syndrome de l’imposteur
La première étude sur cette tendance psychologique à se sous-estimer a été réalisée par la psychologue Pauline Rose Clance. Dans son quotidien de thérapeute, elle avait remarqué que bon nombre de ses patients doutaient sérieusement de leurs compétences. Certains qui étaient des non-diplômés n’admettaient pas que leur réussite soit le fruit de leurs propres efforts, même lorsqu’ils avaient de bons résultats académiques. Ces personnes pensaient qu’elles ne méritaient pas d’être où elles étaient, malgré les appréciations des encadreurs qu’elles considéraient comme pure flatterie. C’est précisément en 1978, en compagnie de sa collègue Suzanne A. Imes, également psychologue, qu’elles feront une étude scientifique sur ce qu’elles nommeront : « le syndrome de l’imposteur ». Cette étude faite sur une centaine de femmes a démontré que les personnes atteintes de ce syndrome se voient généralement comme des imposteurs et souffrent d’un complexe qui les pousse à se battre à ne pas se faire dévoiler.
De ce fait, les personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur, connu sous d’autres noms comme « complexe de l’imposteur », « syndrome de l’autodidacte », « phénomène de l’imposteur » ont en commun la faible estime de soi. Elles manquent cruellement de confiance en elles, ce qui les empêchent à mieux exprimer ce qu’elles sont capables de faire. On verra par exemple qu’elles auront du mal à se lancer dans des projets puisqu’elles pensent ne pas être à la hauteur.
Les causes
Les facteurs à l’origine du syndrome de l’imposteur sont très variés et parfois déterminés par le mode de fonctionnement de nos sociétés. D’après Nicolas Sarrasin, la société fonctionne sous le poids de l’individualisme. Cet individualisme est à la source de nos prises de position, des comparaisons et des oppositions multiformes. Par exemple, l’on nous apprend que pour être heureux dans la vie, il faut être le meilleur, le plus intelligent, riche, etc. Cela peut négativement influencer un individu qui pense qu’il est obligatoire d’avoir tous ces facteurs en sa faveur pour prétendre au bonheur.
Si on s’intéresse à l’éducation des parents, on se rend compte que c’est eux qui fixent généralement les objectifs que leurs enfants devraient atteindre une fois à l’âge adulte. Ce peut être une sorte de pression, parfois négative pour l’enfant. S’il n’atteint pas ces objectifs, il pourra penser que c’est parce qu’il est incompétent, alors, qu’il il a des atouts qui lui permettraient d’exceller ailleurs et qu’il ne prendra malheureusement plus en compte.
La psychologue Elsa Andron pense que le syndrome de l’imposteur peut se révéler chez l’enfant en fonction de son environnement familial. Si un enfant est félicité d’un côté et méprisé de l’autre, il aura tendance à croire que les compliments reçus du premier côté ne sont que superficiels et que sa vraie nature serait celle relevée du côté où il est méprisé. Lorsqu’un individu évolue dans un environnement où ses talents ne sont pas clairement appréciés, il peut donc sombrer dans le complexe de l’imposteur.
Manifestations et conséquences
Les manifestations du syndrome de l’imposteur se résument en général sur le dénigrement permanent que l’on fait de ses atouts intrinsèques et par ailleurs sur la surestimation des compétences de l’autre. Il est question parfois d’emprunter le chemin de la modestie, par peur de laisser transparaître ce qu’on pense être des failles. Ou alors, d’éviter de parler de ses réalisations parce qu’on les estime modestes, on estime qu’elles ne méritent aucune attention. Aussi, la peur d’exprimer ses opinions, de débattre avec les autres, de couvrir les autres de louanges en évitant qu’on s’intéresse à soi sont autant d’éléments qui définissent ce complexe.
Par conséquent, le syndrome de l’imposteur fait que plusieurs personnes passent à côté d’importantes occasions. Ces dernières déclinent de belles opportunités tout simplement parce qu’elles sont bloquées par la peur injustifiée de ne pas être à la hauteur. Le phénomène de l’imposteur devient donc un frein pour la prise de décisions importantes et l’appropriation de certains mérites à portée de main.
Ce syndrome peut entraver la vie d’une personne que ce soit sur le plan professionnel ou social. Sur le plan professionnel, une personne atteinte du syndrome de l’imposteur serait amenée à croire par exemple que sa performance est due à la quantité de son travail qu’à son talent. Elle peut être surmenée parce qu’elle a à cœur de travailler un peu plus qu’il en faut pour garder son poste. À l’inverse, elle peut manquer de productivité parce qu’elle pense qu’on lui exige bien plus que ce qu’elle est capable de faire.
Sur le plan social, ce sont des personnes qui vivent dans une sorte de prison interne qui les empêche de se déployer, d’être véritablement heureuses et de jouir à fond de leurs atouts. Elles sont tout le temps stressées et sous pression ; ce qui les expose à certaines maladies psychosomatiques comme la dépression, l’ulcère d’estomac, l’infarctus, l’hypertension artérielle entre autres.
Prévenir ou surmonter le syndrome de l’imposteur
Il est possible de prévenir ou de sortir de ce cercle vicieux qui est le syndrome de l’imposteur. La démarche ci-après aiderait au mieux à éviter ou à se libérer de ce complexe :
- Faire une auto-évaluation de soi. Vous identifiez vos forces et vos faiblesses, ce qui vous aidera à savoir dans quelle situation vous êtes bons et dans quelle vous ne l’êtes pas.
- Ayez confiance en vous et soyez fier de vos compétences ainsi que de vos réussites. N’ayez aucune gêne de dire réellement ce que vous savez faire surtout si vous le faites réellement bien.
- Acceptez les compliments. Lorsque vous avez accompli une action louable ou posez un acte apprécié des autres, réjouissez-vous et continuez à travailler.
- Entourez-vous des personnes qui vous encouragent et qui vous soutiennent.
- Partagez vos peines à une personne de confiance. Lorsque vous sentez s’installer en vous certains doutes, une certaine remise en question, parlez-en avec un de vos proches. Le fait d’en parler va vous libérer de ce sentiment qui vous fait nier vos compétences et vos réussites.
Vous pouvez également lire le livre de Kevin Chassangre et Stacey Callahan intitulé Cessez de vous déprécier ! Se libérer du syndrome de l’imposteur, pour mieux s’acquérir des armes contre le syndrome de l’imposteur.
Franckh Esperant NOMBO