À la rencontre d’Alix Paré-Vallerand

« Je voyage dans les mots! »

Artiste, amie des mots, guide-animatrice dans un musée, rédactrice, cofondatrice du collectif Ramen. Mais, qui est Alix Pavé-Vallerand ?

Qui es-tu, Alix PV ?

Je suis née à Québec en 1990. J’ai grandi dans une maison d’artistes. Ma mère était journaliste. Elle lisait tout le temps : nos bibliothèques impressionnaient mes amies. Maman gardait toujours son carnet d’écriture près du lit au cas où elle se réveille avec une idée en pleine nuit. Elle est malheureusement décédée il y a quatre ans sans avoir pu publier quoi que ce soit. Elle m’a transmis l’amour des mots, l’humour et une certaine curiosité intellectuelle. Après des études chaotiques en histoire de l’art et en création littéraire, je me suis joint à un collectif littéraire. Aujourd’hui, je suis guide-animatrice de jour et organisatrice de spectacles poétiques de soir.

Que penses-tu des relations humaines sous le prisme des Réseaux Sociaux ?

J’écoutais récemment une entrevue de Catherine Voyer-Léger à l’émission C’est fou à la radio de Radio Canada. Elle disait : « Les réseaux sociaux sont fascinants, il y a là des communautés qui parlent, qui échangent, qui génèrent une réflexion collective en produisant un discours. Facebook est une machine qui a une mémoire énorme, il suffit de savoir comment y extraire ce que l’on cherche. » Certains trouvent lesdits réseaux vains et superficiels. Je vois les réseaux comme un laboratoire pour les artistes, une plateforme pour lancer des idées. Je les utilise pour m’inspirer. Je lis beaucoup d’articles relayés par des amis et des connaissances. C’est sûr qu’après l’inspiration, il faut s’en éloigner et se diriger vers sa table de travail! J’ai malheureusement peu de discipline…!

Ta télésérie préférée ?

Twin Peaks de David Lynch pour l’étrange étrangeté. La première saison est un chef-d’œuvre. Girls de Lena Dunham pour la représentation de la sexualité et la finesse de l’écriture. Broad City, une série écrite par deux femmes qui est selon moi, l’une des plus drôles des dernières années.

Ta citation motivante 

Je ne suis pas une grande passionnée des citations motivantes, je les trouve toujours un peu mièvres. J’ai lu les deux autobiographies de Patti Smith, chanteuse et poète. Dans son dernier livre M. Train, elle écrit : “It is not si easy writing about nothing”. Ce qui résume bien la besogne de l’écrivain : écrire à propos de tout et de rien sans que ça ait l’air “travaillé”. Tout un défi!

Tu es guide-animatrice au Musée Le Monastère des Augustines à Québec, Que t’inspire le Monastère ?

Le monastère m’inspire la tranquillité et la paix. C’est profondément lié au lieu et à la communauté. J’entre parfois au boulot avec mes angoisses immédiatement résorbées au contact apaisant du lieu. Mine de rien, le terrain de l’hôtel-Dieu est occupé par Le Monastère des Augustines, depuis 1644. Traitez-moi d’ésotérique, mais je crois que c’est lié à l’inconscient du lieu.

Est-ce un monastère dans le sens classique du terme ?

Le Monde des Augustines, aujourd’hui n’est plus un monastère au sens classique du terme puisque les Augustines ont décidé d’ouvrir l’ancien cloître pour en faire un lieu de mémoire habité avec un musée, un centre d’archives, un centre de ressourcement et un hôtel. La communauté n’habite donc plus dans le vieux Monastère, mais dans une autre aile du bâtiment. Au Monastère des Augustines, contrairement aux autres couvents, il y a de l’action dans les lieux publics comme le musée ou l’accueil tout en étant un lieu propice à la contemplation.

Comment convaincrais-tu un touriste au sujet du Musée Le Monastère des Augustines ?

Les Augustines ont fondé le premier hôpital en Amérique du Nord au nord du Mexique. Ce sont des femmes de tête qui ont posé les bases de notre système actuel de santé​. Les côtoyer tous les jours est un privilège. Que dire de plus. Je ne peux que vous encourager à visiter le musée qui retrace plus de 375 ans d’histoire!

Quelle est Ta phrase préférée, celle de Saint Augustin ?

Je n’ai pas de citation en particulier, mais j’aime son message d’amour.

Quel est ton plus grand défi ?

Finir mes projets. Je suis une personne avec plein d’idées, mais j’ai parfois de la difficulté à les concrétiser.

Ta musique préférée

J’aime beaucoup PJ Harvey, Rufus Wainwright, Feist et Jimmy Hunt. J’ai un faible pour les artistes un peu outsider. Les paroles sont importantes pour moi.

Ton havre de paix ?

Ma sœur, ma solitude, mes livres et mes amis.

Photo : Alix PV

Alix, une voyageuse ?

J’ai beaucoup voyagé dans ma jeune vingtaine. En 2008, j’ai célébré mes 18 ans à Paris. En 2010, je suis partie en Europe avec un billet d’aller et sans plan. On a fait 5 pays (France, Suède, Écosse, Italie, Allemagne). En 2012, j’ai voyagé seule en Espagne et au Portugal. Maintenant, je suis plutôt pauvre comme job. Je voyage dans les mots! Cette année j’ai planifié un voyage à Toronto.

Trois derniers romans que tu as adorés ?

La femme qui fuit de Anaïs Barbeau-Lavalette. Je l’attendais depuis longtemps. Écriture au compte-goutte racontant l’histoire de la grand-mère de Barbeau-Lavalette. Pour une amatrice d’histoire de l’art, cette histoire est du bonbon. Un long soir, Paul Kawczak. Une découverte, cet auteur. J’adore la forme brève expérimentale. J’espère le revoir. Après les avoir rencontrés au Mois de la poésie, je suis en train de lire vivre près des tilleuls du collectif Ajar.

Mon Saint Roch ? Y habites-tu depuis toujours ? Parle-nous de ton Saint Roch ?

J’y habite depuis trois ans. Avant, j’étais en Haute-Ville. Mon Saint Roch est un Phoenix. Qui fut en l’espace de deux cents ans un quartier ouvrier et un lieu où la haute bourgeoisie faisait ses emplettes. Par la suite, il fut considéré dès les années 1980 comme le quartier le plus mal famé du pays. Mon quartier a toujours su se réinventer. J’aime ses contrastes parfois déroutants. Ils alimentent ma fiction.

Un mot sur le mois de la Poésie (mois de mars) ? C’est quoi le collectif Ramen ?

Le collectif Ramen est un collectif littéraire et poétique de la basse ville de Québec. Notre but : faire croître la poésie à Québec. Nous organisons des soirées de récitals poésie à chaque troisième vendredi du mois à la librairie st Jean-Baptiste. Chaque soirée est suivie d’un micro ouvert où tous sont invités à lire. Nous produisons également des fanzines (sortes de livres de poésies autopubliés). En somme, nous sommes à la fois créateurs et diffuseurs de poésie.

Quel coin du monde rêves-tu de visiter prochainement ? Pourquoi ?

J’aimerais bien visiter la Grèce pour la lumière particulière. J’aimerais aussi aller voir les provinces de l’est du Canada.

Quelle est selon toi, la place de la femme dans les arts au Québec?

La moitié des signataires du manifeste du Refus Global étaient des femmes (équivalent du manifeste du surréalisme au Québec). Je ne crois pas qu’elles aient eu la reconnaissance que leurs comparses mâles ont eue. Au Québec, nous vivons dans une société progressiste, certes, mais il y a encore du chemin à faire. Trop souvent, les récits autofictionnels de femmes sont considérés comme relevant de l’intime. Alors que l’intime masculin lui, est faussement considéré comme plus universel.

À quoi penses-tu lorsque tu entends parler le mot « féminisme » ?

Pour moi, le féminisme rime avec Solidarité. Je pense à la solidarité, à l’amitié, à la bienveillance entre les femmes. Le féminisme est aussi un combat, il faut se rappeler que rien n’est acquis!

Propos recueillis par Nathasha Pemba, 9 avril 2017.


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