Ide Rosine DEUMAGA : « Notre objectif est de faire de notre festival le rendez-vous de référence autour des Littératures africaines. »

Ide Rosine Deumaga est une Camerounaise de 45 ans vivant à Nantes, en France. Elle est la Directrice artistique du Festival Brunch Littéraire, créé en novembre 2016, par l’Association pour la promotion des bibliothèques rurales (ASPROBIR). Elle nous parle de la septième édition de ce rendez-vous des Littératures africaines à Nantes, qui se tiendra du 3 au 5 novembre 2022, sous le thème : « Construire une identité : écrire le soi ».

Bonjour Ide Rosine, comment allez-vous ?

Bonjour, je vais bien. Je suis juste un peu stressée à cause de l’organisation du Festival Brunch Littéraire, le premier festival des Littératures africaines en France, qui en est à sa 7e édition cette année.

Pouvez-vous vous présenter brièvement pour nos lecteurs qui vous découvrent aujourd’hui ?

Je suis Ide Rosine DEUMAGA – Camerounaise, j’ai 45 ans, je vis à Nantes. Je suis coordinatrice de l’association ASPROBIR (Association pour la promotion des bibliothèques rurales) et directrice artistique du Festival Brunch Littéraire : Festival des Littératures africaines.

La septième édition de votre festival « Brunch Littéraire » va se tenir à Nantes du 3 au 5 novembre prochain, pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a motivée à créer un festival consacré aux littératures africaines ?

Tout part d’un événement en 2016 consacré au Cameroun intitulé « Le temps du Cameroun », qui mettait en avant des auteur.e.s camerounais.e.s dans les espaces culturels d’une enseigne de la grande distribution. J’ai donc eu l’idée cette même année à la même période, de réunir des auteurs de manière tout à fait informelle, autour d’un brunch, juste pour échanger sur leurs différentes perceptions de la littérature africaine. Ça s’est tellement bien passé que d’un commun accord avec les participants et les membres de l’association, nous avons décidé de renouveler l’expérience en y apportant davantage de spécificités (thématiques, activités connexes, plus d’auteurs, choix des lectures, débats…)

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous avez été confrontée avant la tenue de la première édition de 2016 ?

Je pense que la 1re édition s’est faite toute seule, avec l’impression que les choses allaient de soi. Les auteurs, les participants et même les curieux interagissaient de manière quasi naturelle.  Les difficultés sont arrivées bien après.

Selon vous, toutes éditions confondues, quelle est votre plus belle réussite ?

Ma plus belle réussite réside dans la perpétuation de l’événement, dont la pérennisation au fil des années et des éditions reste assurée. Ce qui n’est pas sans rappeler les difficultés qu’on retrouve dans l’organisation au niveau national du même type d’événements. Je tiens quand même à rappeler que nous sommes le seul événement littéraire africain qui a pu assurer un rendez-vous annuel et qui continue de remplir son agenda. Sachant que nous le faisons jusqu’ici sans bénéficier de subvention et alors même que les « grands auteurs » ou ceux qui sont considérés comme tels ne viennent pas encore à notre festival. Notre particularité réside dans le fait que « Le Brunch Littéraire » de Nantes est le tout premier en France qui traite spécifiquement des Littératures africaines.

Aujourd’hui alors que vous en êtes à la septième édition du festival « Brunch Littéraire », quels sont les défis que vous devez encore relever ?

Nous voulons être le rendez-vous de référence de tous les auteur.e.s  des Littératures africaines. Le véritable défi en cela réside dans la double promotion de l’événement lui-même et des auteur.e.s.  Il ne faut pas oublier que les objectifs du Brunch Littéraire sont à la fois de faire connaître les Littératures africaines et l’événement qui organise leur vulgarisation. Nous avons déjà précisé que nous ne bénéficions pas véritablement de financement pour accompagner de manière optimale cet événement.  Nous avons par exemple besoin de communiquer à travers un spectre bien plus large dans les médias.

Pouvez- vous me citer cinq auteurs africains que vous aimeriez recevoir dans votre festival ?

J’aimerais que le Brunch Littéraire puisse recevoir des auteurs qui ont une expérience certaine du monde littéraire et de la profession d’écrivain. Je voudrais accueillir au sein de notre événement des célébrités africaines et noires afin qu’elles nous parlent de leurs parcours et de tout ce qui pourrait constituer la transversalité de leur métier d’écrivain.

Je parle par exemple de recevoir des auteur.e.s comme Imbolo Mbue, Chimamanda Ngozi Achidie, Fatou Diome, Djaïli Amadou Amal (Elle a participé à la 5e édition du festival  2020 en ligne) et pourquoi pas l’auteur nobélisé Wole Soyinka.

Quelles ambitions nourrissez-vous pour votre festival dans les années à venir ? Est-ce qu’il y aura une huitième édition ?

Notre objectif est de faire de notre festival le rendez-vous de référence autour des Littératures africaines. Et bien sûr la 8e édition se fera, de même que les éditions 40 et 41, avec ou sans nous !

Vous êtes franco-camerounaise, avez-vous déjà envisagé d’organiser une édition du festival « Brunch Littéraire » dans votre pays d’origine ou ailleurs en Afrique ?

Oui, nous avons déjà prévu plusieurs événements sur le continent et dans un certain nombre de pays. Le projet le plus proche de nous est l’organisation d’une édition panafricaine du Brunch Littéraire au Cameroun en 2023. 

Quel conseil basé sur votre grande expérience donneriez-vous à un jeune ou moins jeune qui souhaiterait créer un festival littéraire ?

Je lui conseillerais d’être persévérant et bien entouré. Je lui dirais d’exprimer sans complexe sa créativité, son imaginaire et son identité.

Avec votre association ASPROBIR vous œuvrez pour l’implantation de bibliothèques en milieu rural au Cameroun, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste votre action ?

L’implantation de bibliothèques en milieu rural en Afrique et pas seulement au Cameroun demeure un de nos objectifs principaux. Nous en avons d’ailleurs déjà créé six au Cameroun et une en Côte d’Ivoire en partenariat avec l’association l’AAVII. Nous avons distribué une dizaine de milliers de livres dans divers établissements scolaires et autres organismes. Notre action consiste à rapprocher le livre des populations et d’en faire la promotion auprès des forces vives, mais aussi à travers des activités connexes.

Comment peut-on contribuer à la réussite de ce magnifique projet ?

L’engagement, la motivation des sympathisants et l’engagement des bénévoles aident à concrétiser les actions de notre association. Nous invitons non seulement les personnes qui nous suivent à s’engager, mais surtout à faire des dons via notre site internet : https://www.asprobir.org/faire-un-don/

Quel est votre mot de la fin ?

Je suis ravie d’être la pionnière d’un projet tel que « le Brunch Littéraire », je remercie toutes les équipes qui se sont succédé autour de cet événement, mais aussi autour de tous les projets de l’association ASPROBIR.

Propos recueillis par Ayaba Totin

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