JE N’AURAI PLUS JAMAIS PEUR DES MIGRATIONS – SARAH BERTRAND-SAVARD

« Loin des yeux, près du cœur », dit l’adage. Cela signifie que la distance ne saurait éroder l’amitié, et parfois même, l’entretenir ou la faire grandir. Mais est-ce encore une question à se poser aujourd’hui ? Les réseaux sociaux, le téléphone et tous les autres moyens de communication prouvent que l’amour à distance peut s’entretenir, tout comme il le fut à une époque où ces moyens n’existaient pas.

Je ne comprends pas pourquoi il faut partir si loin, là-bas.

Un pays imaginaire, cul-de-sac au bout

Du monde.

Je n’aurai plus jamais peur des migrations de Sarah Bertrand-Savard aborde un sujet crucial et souvent mal compris : la migration. L’auteure explore les différentes facettes de ce phénomène, mettant en lumière l’histoire d’une adolescente déménageant avec ses parents sur la Côte-Nord. Ce départ crée la distance entre elle et son amie et devient, malgré tout, le terreau où s’épanouit leur amitié.

Partir et aimer demeurent des verbes essentiels, qui démontrent, au fond, que l’amour est presque tout et que, face au changement, il faut pouvoir se réinventer. Bertrand-Savard adopte une approche bienveillante et factuelle, offrant une perspective humaine sur les migrations plutôt que de s’égarer dans une réflexion vaine. Elle construit une œuvre sur la reconstruction de soi, après une séparation, et sur l’acclimatation, qui constituent des moyens que tout être humain possède pour vivre. En effet, dans la vie, au-delà du changement, il faut vivre.

Ce livre invite à comprendre le changement, mettant en évidence le courage et la résilience face à des défis souvent épuisants. L’auteure cherche à susciter une réflexion critique chez les lecteurs, offrant des informations claires et un parcours poignant pour exprimer sa vision.

Revenant au mot « changement », à la page 7, on peut déduire que la citation de Frida Kahlo est un clin d’œil aux migrations : « Rien n’est absolu, tout est changement, tout est mouvement, tout est révolution, tout s’envole et s’en va ». En parlant du changement, on se souvient du philosophe présocratique Héraclite, connu pour sa philosophie du changement perpétuel symbolisé par sa célèbre déclaration : « On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve ». Cette idée met l’accent non seulement sur notre nature changeante, mais aussi sur l’utilité de se mouvoir, de migrer, un peu à l’image des papillons représentés sur la première de couverture du livre. Comme nous le savons, le papillon symbolise la transformation, la liberté, la beauté, l’élégance, l’intériorité, le courage et la persévérance, ingrédients essentiels dans toute expérience migratoire. En effet, le papillon commence sa vie sous forme de chenille, puis entre dans une phase de chrysalide avant de devenir papillon. Cela démontre que dans la vie, parfois, changer, se transformer est utile pour s’adapter ou avancer. Le papillon est également perçu comme un symbole de liberté grâce à sa capacité à voler, transcendant le matériel et entrant dans une zone de légèreté pour surmonter toute distance. Le papillon est beau et élégant, tout comme ce livre dont l’esthétique s’incarne dans les motifs, les couleurs, le lyrisme et le positionnement.

Je coupe. Je découpe avec mes ciseaux dans de vieux magazines,

journaux ou de vieux livres.

Des mots. Une image encore et encore,

Puis je les colle dans mon carnet.

En somme, ce minuscule livre est inépuisable et je laisse à chaque lecteur le soin de le lire pour en tirer une interprétation différente selon ses propres expériences et perspectives. Car la première relation d’un lecteur avec un livre, c’est avant tout la rencontre de ses expériences personnelles. Je vous le recommande.

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