Jean-Paul Daoust, poète québécois né en 1946, est reconnu pour sa carrière artistique prolifique, comprenant une trentaine de recueils de poésie et deux romans depuis 1976. Il a également dirigé la revue Estuaire de 1993 à 2003 et a été chroniqueur de poésie pour Télé-Québec et Radio-Canada jusqu’en 2002. Son style d’écriture, à la fois baroque et vibrant, explore des thèmes tels que la mélancolie, la modernité et l’homosexualité masculine. Parmi ses poèmes majeurs figurent « Les cendres bleues » (1990), lauréat du prix littéraire du Gouverneur général du Canada, « L’Amérique » (1993), représentant le versant contestataire, et « Le Vitrail brisé » (2009), récipiendaire du Grand Prix Quebecor du Festival International de la Poésie de Trois-Rivières. En 2009, une partie de son œuvre est adaptée au théâtre dans la pièce « My Name is Jean-Paul ».
Comme tout le monde je m’ennuie. Ce sentiment incolore. Mon horoscope m’avait averti. S’entêter à croire. En se martelant que c’est bien. Oser encore t’aimer. Attendre.
Son dernier livre, « Les miroirs de l’ombre », a été publé aux Éditions Hashtag à Montréal.
Dans cette compilation de poèmes narratifs, l’auteur pose un regard rétrospectif sur son histoire, évoquant ses insuccès, ses tourments et ses moments de vertiges. Il rend hommage aux personnes disparues qui ont croisé sa vie, tout en envisageant l’avenir avec joie, car pour lui, la vie et la fête ne font qu’un. « Les miroirs de l’ombre » résulte d’une expérience profonde et d’une introspection. C’est un imaginaire ancré dans la réalité et inscrit dans l’évolution. Les thèmes de la vie, du vieillissement, du jugement, de la maladie, de la mort, du deuil, etc., y sont explorés, évoquant les douleurs de son parcours.
Chaque enfant vit son propre enfer. Je le sais. Comment esquiver ses démons. Voir la neige brasiller sous le lampadaire n’était que le début du cinéma à venir. Nous jouons tous dans un mauvais film dont nous n’avons pas écrit le scénario. Nous l’apprenons trop tard.
La vie, dans toute sa nudité et sa complexité, est le fil conducteur de cette œuvre, abordant ses diverses manifestations. L’auteur soulève des questions pertinentes qui ramènent au sens de la vie, explorant l’adolescence, les agressions subies, le premier amour et le départ de son soutien, son père.
« Les miroirs de l’ombre » regorge de poèmes qui touchent l’humanité. À certains moments, les vers de Jean-Paul Daoust semblent refléter la relation inébranlable entre la grandeur et la petitesse, le bonheur et la tristesse, le désespoir et l’espoir. Une dimension fascinante transparaît dans les réflexions d’un écrivain de sa stature, ayant « presque tout expérimenté ». Un homme abusé par le monde, une âme frôlant la mort, et une vie dont l’espérance se dilue dans ses écrits.
Au cours de ma lecture, j’ai parfois oscillé entre le souvenir et l’avenir. L’auteur semble vivre dans le présent, se remémorer le passé et envisager l’avenir sans s’y attarder excessivement, conscient que parfois, le monde décide pour nous. Est-ce un éloge du réalisme existentiel ? La réponse semble positive, car l’auteur aborde des mots que beaucoup redoutent : mort, vieillesse, abus, etc. Cependant, devrions-nous renoncer à la vie en raison de sa finitude ? Pour Daoust, la réponse est claire : vivre. Vivre et affronter certaines réalités.
L’œuvre de Jean-Paul Daoust transcende non seulement l’espace, mais aussi le temps. Elle ne se limite pas à une période particulière de sa vie ni à une catégorie de personnes. L’auteur médite sur la condition de l’homme.
La langue ne peut se maquiller. Les reflets brisés de nos regards. Leurs éclats vitreux. Une souris s’ennuie de son chat. Tes yeux en amande où brillait une agence de voyage. La vieillesse n’est qu’une question de temps.
La thématique de la mort, comme l’amour et la vieillesse, est omniprésente. « Les miroirs de l’ombre » annonce une palette d’émotions, d’expériences de vie, d’amour, d’enfer, de paradis, de complexités, d’impuissance, etc.
En conclusion, « Les miroirs de l’ombre » de Jean-Paul Daoust est une leçon de vie qui n’impose pas le passé, mais invite à regarder l’avenir sans contrainte. La force de ce poème réside, à mon sens, dans son intégration des deux facettes de l’existence. Je recommande vivement la lecture de ce recueil.
Karl Emmanuel Makosso