je condamne l’utilisation du vertige comme figure de style
le mien n’est pas rêveur
il s’identifie neurologique et central
Macule quotidien mon caractère
en traits cadencés identité
perdue
Lorsque la maladie prend possession d’un corps et que ce dernier aspire à retrouver la santé, il devient difficile d’envisager une reconstitution, d’autant plus que la maîtrise de l’avenir peut orienter ou influencer une décision. Le corps, étant au cœur de l’existence, incarne une évidence indéniable, car l’humain naît, s’épanouit, souffre, interagit avec autrui et finalement décède dans un corps. Ainsi, il est ardu de faire abstraction de cette réalité corporelle. Le recueil aborde cette notion à travers l’expérience de la narratrice qui ressent la dépossession de son propre corps.
en montagne mieux vaut
descendre le cap
contempler
les crevasses
attendre demain
pour gravir
le reste
La narratrice entraîne le lecteur dans une élévation poétique, le positionnant en tant que témoin de la vulnérabilité et de la fragilité du corps. Cependant, le lecteur est également convié à observer la prise en charge du devenir et la volonté de se rétablir. C’est une invitation à être spectateur de cette ascension, où la fragilité du corps coexiste avec la détermination à se remettre en selle.
il fait beau
mais chaque coin de rue
est une étape
Indubitablement, nous naviguons entre la fragilité et l’impératif du redressement, cependant, ce redressement n’est en aucun cas une réalité permanente. Tant que nous sommes en vie, nous oscillons entre l’équilibre et le déséquilibre, avec l’élément crucial demeurant le désir d’avancer.je fais partie des humains conditionnels.
ceux qui comptent les secondes
entre les coups de tonnerre
On suit la narratrice dans sa maladie, une étape qu’elle accepte. Le recueil est aussi acceptation de soi. Geneviève Dufour le dit de manière très claire :
avoir su
que la vie était incurable
j’aurais mis le feu
à ma bouche
La réalité de la maladie et de la souffrance, telle qu’évoquée dans les écrits de Geneviève Dufour, souligne que chaque être humain est confronté à cette dimension de la mort et de la résurrection. L’auteure s’engage joyeusement dans la création poétique, utilisant la matière tirée de son expérience personnelle et de son observation du monde. C’est une démarche naturelle pour elle, qui fusionne ainsi sa vie intime avec la poésie qu’elle compose.
Karl Emmanuel Makosso