Comment bien vivre ? -La voie du Tatami — Première partie

Vivre avec l’autre, réalisme et façons d’appréhender l’existence, les philosophes Hélène Wang et Michel Puech mettent en avant l’art de la vie à partir d’une philosophie fondée sur les techniques des arts martiaux ; une sagesse qui vaut partout où il y a un souffle de vie

Le sens des mots

Le tatami 畳 signifie littéralement « rempli », « tassé ». Dans le Japon traditionnel, il orne les washitsu (pièces d’habitation japonaises). On le retrouve aussi dans les temples et dans bien d’autres lieux. Il s’agit des nattes garnies et bien ordonnancées. En général, tous les tatamis ont la même dimension. D’ailleurs, dans la tradition japonaise, le tatami est considéré comme une unité de mesure des surfaces.

En lien avec la philosophie, le tatami est le sol sur lequel se pratiquent les arts martiaux japonais. En effet, il recouvre intégralement le sol du dojo en y ajoutant de l’agilité par rapport au sol traditionnel.

« Un art martial vise le perfectionnement de soi, un sport de combat vise la compétition au terme d’entraînements dans un club affilié à une fédération. Les deux se combinent de diverses façons dans le monde actuel. »

 

KUNG-FU

Esquiver : Qui est capable de vaincre son ennemi ne l’affronte jamais (Lao Zi, Dao de Jing, 68)

Si dans les arts martiaux, l’esquive est une action de défense pour éviter l’attaque adverse, dans la vie de tous les jours elle permet aussi d’économiser de l’énergie et d’envoyer un message à l’adversaire : « L’esquive n’est donc pas du tout une fuite : au contraire, elle est le premier temps de la riposte »

Un philosophe nommé Bruce-Lee

Pour Bruce Lee, « il ne faut pas s’imaginer qu’on va apprendre des techniques secrètes, magiques. La voie est au contraire celle d’une simplicité taoïste ».

En analysant la théorie de l’esquive, il se réfère au Yin et au Yang. Il démontre donc que l’on peut entrer dans « l’harmonie de l’adversaire pour réaliser la voie, toujours par la non-opposition ». Il écrit : «  L’eau est capable de s’adapter à toutes les situations. Si vous la versez dans une coupe, elle devient la coupe. Si vous la versez dans une bouteille, elle devient la bouteille. Si vous la versez dans un verre, elle devient le verre (…). Ce que je veux dire, c’est que vous ne pouvez pas l’agripper, vous ne pouvez pas la frapper et la blesser. Ainsi, chaque pratiquant du Kung-fu doit essayer de parvenir à cela. Être doux comme l’eau, être souple comme l’eau, et capable de s’adapter à l’adversaire ».

JUDO

L’humilité : « Quel que soit son niveau, rester dans la plus totale humilité »

Pour Lao Zi, « Toujours ce qui est souple vaincra ce qui est rigide ». Il est important de connaître ses forces avant d’embarquer dans un combat pour connaître ce qui chez l’adversaire le fera chuter. Le but premier du judo est l’éducation. En effet, dans les principes du Judo et leurs applications dans tout type de relations humaines, en 1934, Kanô, le fondateur du judo écrit : réconcilier les systèmes de philosophie et de morale de l’occident et ceux de l’Asie. L’essence du judo, comme on peut le constater, est philosophique. Voici les deux grands principes de sagesse du Judo qui peuvent s’appliquer partout :

1 -Quel que soit le problème, le meilleur moyen de réussir sera toujours d’employer, pour atteindre son but, l’énergie mentale et physique maximale ou la plus efficace

2 — L’harmonie et le progrès dans un groupe composé d’individus différents (quel que soit le nombre de ces individus) ne peuvent être atteints et préservés que par l’aide mutuelle et les concessions.

L’humilité est une des clés essentielles de la vie pour être heureux, car elle résout beaucoup de problèmes.

JUDO

L’adversaire partenaire : « Faire une expérience de soi dans le travail corporel avec l’autre»

Dans cette posture, il s’agit de prendre les choses du bon côté pour faire de l’adversaire un partenaire. Cela signifie que chaque conflit ne doit pas se terminer forcément par une division. Le judo ne peut être réduit à la compétition. Pour Olivier Lavenir, le judo est avant tout « un merveilleux moyen d’explorer les possibilités de son corps en situation d’adversité et sous stress émotionnel face à un partenaire non complaisant »

L’adversaire partenaire développe en nous le sens de la communication bienveillante avec l’autre. Il permet aussi de prendre conscience que si j’existe, c’est que l’autre existe aussi et que je dois moi aussi respecter son espace et lui donner des moyens de survie. Je dois être attentif aux réponses et réactions de l’autre, car quand il fait signe de vie il me rappelle que je peux aussi vivre et aller au-delà de mes pressions ou de mes émotions.

AÏKIDO

Prendre confiance en soi 

«La victoire sur soi-même est le premier but de notre entraînement. Nous nous concentrons sur l’esprit plus que sur la forme, sur le noyau plus que sur l’enveloppe. L’aïkido n’est pas dans la lutte. Sa vocation première est de rétablir l’harmonie ; il est question de renverser la situation en retournant la mauvaise énergie de l’agresseur contre lui-même. C’est une stratégie qui demande à la base d’avoir une grande confiance en soi qui permet d’avancer et de développer la juste distance ». Maître Ueshiba

Les dix autres clés à venir dans les prochains numéros.

Pénélope Mavoungou

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« Si j’écris, c’est pour échapper réellement à une certaine solitude et pour essayer d’attirer le regard de l’autre. […] Je cherche simplement à sortir de ma solitude et mes livres sont des mains tendues vers ceux, quels qu’ils soient, qui sont susceptibles de devenir des amis »

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