« Qu’y a-t-il d’aussi charmant que ces marques d’affection qui font naître en moi un monde nouveau ? Quoi d’aussi délicieux que juste la rencontre de deux âmes dans une pensée, dans une émotion ? À l’approche de ce cœur palpitant, qu’elles sont belles, les étapes et les formes d’être doué et vrai !
Du moment où nous laissons battre notre cœur, la terre est métamorphosée. Il n’y a plus d’Hiver, ni de nuit. Toutes les tragédies, tous les ennuis s’évanouissent, tous les devoirs même. Rien ne remplit l’éternité à venir à part les formes de toutes les radiations des personnes aimées. Laissez l’âme être assurée que quelque part dans l’univers, il rejoindra son ami. Qu’elle pourra être contente et joyeuse pendant mille années de solitude »[i].
CORRESPONDANCE
Alexandrie, le 10 juin 2006
Bonjour Professeur Philémon,
Je suis Sophia Ishale. Je suis docteure en philosophie, et spécialiste de la philosophie de Plotin, à l’université d’Alexandrie en Égypte. Je m’intéresse particulièrement aux développements qu’il fait de la notion du « corps ». Il est prévu que je vienne à l’université d’Athènes pour mon postdoctorat. Je voudrais profiter de cette occasion pour vous rencontrer. Car, voyez-vous, j’ai tellement entendu parler de vous et de vos travaux, et j’ai dévoré la plupart de vos œuvres. Étant donné que je ne travaille pas directement sur l’œuvre de Platon, votre spécialité première, j’aimerais vraiment que nous nous rencontrions afin d’en discuter aussi. D’ailleurs Plotin n’est-il pas un néo-platonicien ?
Voilà donc mon souhait, cher professeur. Je passerai neuf mois exactement à Athènes. Je viendrais vers fin février 2007. Que pensez-vous de ma proposition ? Une rencontre avec l’éminent professeur que vous êtes, est-elle envisageable ?
En attendant de vous lire, je vous prie de croire, professeur Philémon, à l’expression de ma très haute considération.
Sophia I.
Athènes, le 25 juin 2006
Bonjour Mademoiselle Sophia,
Comment ne pas saisir l’opportunité qui m’est donnée de rencontrer une passionnée de Philosophie comme moi ? En plus, vous arrivez au bon moment, car cette année je ne bougerai pas d’Athènes. Vous êtes donc la bienvenue, chère Sophia. C’est un honneur pour notre département d’avoir l’occasion d’accueillir une étudiante qui vient d’Alexandrie. Connaissant l’histoire philosophique qui lie la Grèce à l’Égypte, je me sens particulièrement honoré. Je serai tout simplement enchanté de vous recevoir et de discuter personnellement avec vous.
Je reste donc à votre disposition pour tout type de renseignements. Même si je ne serai pas directement votre superviseur en postdoc, je serai heureux de parler philosophie avec vous.
Veuillez agréer, Mademoiselle Sophia, l’expression de ma considération distinguée.
Professeur Philémon
Alexandrie, le 05 juillet 2006
Cher Professeur Philémon,
Je vous remercie infiniment de votre réponse. Ce sera un plaisir, lors de mon passage à Athènes, de vous rencontrer et de partager l’expérience philosophique de l’Égyptienne que je suis, avec vous autres, les Athéniens ! Je suis touchée par votre simplicité et surtout de savoir que vous prendrez de votre précieux temps pour m’aider à passer un séjour aussi agréable qu’instructif sur le sol de la philosophie occidentale.
Dans l’espoir de participer avec vous à l’avènement d’une nouvelle ère philosophique dans sa dimension diversifiée, je vous prie de croire à l’expression de ma très haute considération.
Sophia.
[i] Waldo Emerson, Amitié, Kindle book, emplacement 95. (Consulté le 24 mars 2014)