Initiales M : Marina parle de Manigances

Je lui ai écrit un dimanche. Elle m’a répondu un Lundi. En lui écrivant un dimanche, je savais qu’elle ne me répondrait pas automatiquement. Je sais que le dimanche est un jour consacré à sa famille. Pour le savoir on n’a pas besoin de lui poser la question. Cela se ressent simplement par le respect qu’elle voue à sa famille : Ses enfants, son époux et les autres membres de sa famille. Elle est une maîtresse de maison exemplaire. Pour elle, la famille est sacrée. Dans la famille, tout a un sens. Il faut la respecter et la vénérer. Ce qu’elle a reçu de ses propres parents, elle n’hésite pas à le transmettre dans sa propre famille.

Dans la rédaction de mon questionnaire, j’ai voulu passer par « Manigances ». C’est par là que j’ai rencontré Marina. Comme personne virtuelle d’abord, ensuite comme personne réelle, parce que l’au-delà de la rencontre du virtuel, tout en restant dans le virtuel, devient toujours relation dans le réel.

Marina Nekpadro Barbour est Ivoirienne, Libanaise et Française. Réalisatrice scénariste vivant en Côte d’Ivoire. Elle se définit comme une amoureuse et une passionnée de cinéma.

Dans un univers où il faut se battre pour exister comme Réalisatrice et comme femme, Marina, la maman de « Magnigances », fait figure d’exception, aux côtés d’autres grandes dames de l’univers du cinéma ivoirien.

INTERVIEW

Bonjour Marina… D’où t’est venue l’idée de réaliser la série « Manigances ?

Merci… Depuis la classe de 5ème, j’avais en tête l’histoire de « Manigances ». Quelques années plus tard, je me suis lancée dans l’écriture du scénario de ma série. « Manigances » est une histoire dramatique qui parle des affaires liées au cacao ivoirien. L’histoire qui s’ouvre sur une histoire d’amour, de passion, de vengeance et de pardon. Le scénario, je l’avais. Ce n’est que plus tard, après avoir suivi des cours de réalisation, que j’ai décidé de mettre en image ma série. Et cela a donné ce que vous savez.

Les acteurs ?

La plupart des acteurs sont Ivoiriens ; certains sont métissés. On a fait deux castings pour recruter les acteurs. J’avais souhaité avoir de beaux acteurs, présentables et sans frustrations. Voilà pourquoi, après le casting, il m’arrivait, parfois d’aborder, dans la rue, des personnes qui répondaient au profil recherché. Certains acteurs sont des connaissances ou des proches. C’est le cas d’une des actrices principales qui est ma mère (Aïfa Assouad). « Manigances », c’est donc la maison, les bureaux… mais aussi la rue. Elle rompt avec le modèle classique du casting. Elle sait ainsi cristalliser les talents autour d’elle.

Quel est, selon toi, l’avenir du Cinéma en Afrique ?

Le cinéma africain a beaucoup d’avenir Parce que, aujourd’hui, on remarque que l’audience des films africains a augmenté à travers le monde. Mais en Côte d’Ivoire, comme dans la plupart des pays africains, le financement demeure le grand souci. Pour pouvoir faire un bon film qui répondra aux critères internationaux, il faut un bon financement. Mais c’est vraiment déplorable de voir qu’il n’existe aucune politique pour aider le cinéma ivoirien. Par exemple, pour faire « Manigances » j’ai dû réunir mes économies et ceux de mon époux. Cela pour vous dire à quel point nous étions passionnés et prêts à réaliser cette série avec ou sans financement.

Par ailleurs, aux rencontres internationales de cinéma auxquelles j’ai eu à participer, j’ai l’impression qu’on parle beaucoup mais que, malheureusement, l’action ne suit pas. On veut faire des grandes choses pour le cinéma certes mais si nous ne sommes pas véritablement accompagnés, nous n’y arriverons jamais.

Et ton époux, un homme discret apparemment. Il me fait penser aux hommes qui ont épousé des grandes dames de ce monde, un peu comme l’époux de Merkel ou bien Bill Clinton aujourd’hui ? J’ai regardé le film de la vie de Thatcher, j’en garde un énorme souvenir, mais surtout un amour indestructible avec son époux au-delà même de la mort. De plus en plus de femmes africaines émergent de cette manière et on a l’impression que leurs hommes s’éclipsent en leur laissant la vedette. Je pense, dans mon univers, à Émilie-Flore Faignond écrivaine, à Liss Kihindou, écrivaine, à Nadia Origo, Directrice des Éditions La Doxa, Nous savons qu’ils sont là, mais nous ne voyons que leurs épouses. Est-ce difficile d’être à l’ombre de son épouse ?

Par la grâce de Dieu j’arrive à concilier les deux vu que mon mari est lui même dans le showbiz. C’est lui le producteur de « Manigances ». C’est vrai qu’il est beaucoup effacé, mais on arrive à travailler ensemble sans problème. Il accepte le fait que je rentre très tard pendant les tournages vu que nous sommes ensemble sur le plateau de tournages. Sinon s’il n’était pas le producteur, cela aurait été très difficile et peut-être même impossible pour moi. Maintenant que ma fille a grandi, elle vient avec moi sur le plateau. Elle adore regarder comment cela se passe et me donne souvent des conseils. Je viens d’accoucher un petit garçon et quand je reprendrai les activités il sera là, lui aussi, avec moi.

Ton réalisateur de cœur ?

Quentin Tarrantino est le réalisateur qui m’inspire parce que c’est un grand innovateur. Il veut faire toujours un plus dans ses réalisations. Aller au delà de ce que les autres ont fait et ça j’apprécie beaucoup car moi aussi je veux faire au-delà de ce que les autres réalisateurs ivoiriens font.

Acteur ou actrice de cœur ?

Denzel Washington et Williams Smith. Ce sont, pour moi, des acteurs qui se surpassent dans leurs rôles. Ils se sentent à l’aise avec n’importe quel rôle. Ils ne se fixent aucune limite.

Film de cœur ?

« Gladiator » un film réalisé par Ridley Scott. C’est mon meilleur. J’adore l’histoire, les plans, les décors et la mise en scène.

Chansons de cœur ?

J’adore les chansons d’Adèle.

Quelques confidences.

Féminisme :

Marina ne se considère vraiment pas comme une féministe. Elle estime que si l’homme et la femme sont égaux, ils le sont dans la différence et non dans l’identité. L’égalité demeure au niveau ontologique certes, mais ce n’est pas possible de réclamer la même chose et de vouloir la même chose. Ainsi pour elle, chacun a un rôle à jouer dans la société et dans la famille. D’ailleurs au niveau de l’anatomie, les différences sont palpables. C’est pourquoi le militantisme féministe tel qu’il se présente aujourd’hui n’est pas à son goût. Ignorer les différences, c’est créer le chaos perpétuel dans la vie d’une personne. C’est le fait de nier les différences qui crée en fait des problèmes de fondamentalisme, même dans une relation de couple.

« Une femme doit être une Aide physique, morale et spirituelle pour son homme. L’homme en retour doit l’aimer, la protéger et la chérir. Chacun a sa place », dit elle.

Dieu ?

Elle croit en Lui. Elle lui confie son activité. C’est cette reconnaissance dans la grandeur de Dieu qui lui permet d’avancer et de se sentir, avec ses collaborateurs, comme dans une grande famille. Femme travailleuse, mais aussi mère et modèle. Fervente chrétienne, sans radicalisme religieux dans son approche, elle sait faire attention aux signes du temps et suivre son intuition.

Nathasha Pemba

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