Isabelle Léa OZOUMEY, écrivaine gabonaise

De nationalité gabonaise, Isabelle Léa OZOUMEY est enseignante, formatrice-encadreure, écrivaine, monitrice dans l’alphabétisation pour adultes et animatrice d’une émission radio portant sur la pastorale de la femme. Militante engagée dans la défense des droits humains, la lutte contre le VIH/SIDA et la lutte pour la prévention des conflits, elle est conceptrice et animatrice du Programme de Transformation Personnelle ILOW, dont celui dénommé « UNE FEMME UNE MISSION COMBAT POUR LA VICTOIRE »

Bonjour Isabelle Léa OZOUMEY et bienvenue dans le magazine OU’TAM’SI. En introduction de votre page LinkedIn il est écrit « Lire, Écrire, Former et Partager pour aider le Lecteur à (re)découvrir son identité, sa personnalité, sa Vision et sa Mission ». Doit-on résumer cela comme votre mission de vie ?

En effet ! Les multiples difficultés rencontrées dans mon adolescence, pendant mes études universitaires et dans ma vie professionnelle ont été une lumière vers cette voie. Je me suis rendu compte que certaines difficultés perdurent dans nos vies en raison de l’ignorance (le nôtre et/ou celui de notre entourage) face à des situations qui ne trouvent pas de solutions dans nos connaissances empiriques, mais que les solutions, les remèdes ou les stratégies de libération se trouvent dans les livres !

Cette découverte fut pour moi comme une illumination. Alors, pour aider les autres à s’en sortir il m’a semblé convenable de :

  • Lire pour me former 
  • Lire pour former les personnes qui connaissent les mêmes difficultés que moi
  • Ecrire pour sensibiliser, informer et former les générations futures
  • Partager mes expériences et mes modestes connaissances afin d’amener les uns et les autres à se (re) découvrir en vue de mieux s’en sortir dans la vie, sachant que nous évoluons dans un milieu hostile à notre épanouissement. En un mot, la motivation réside dans le fait d’avoir compris que le secret de notre réussite, de l’accomplissement de notre mission sur terre et de notre épanouissement réside en réalité dans la connaissance de notre identité, de notre personnalité, de notre mission, de notre vision, de notre talent et de notre passion.

Quel est votre plus beau souvenir en tant qu’écrivaine ?

Le moment où j’ai tenu entre mes mains mon premier roman MADAME AMOUR-SIDA… ou la voleuse de vie

Si l’on vous demandait aujourd’hui de conserver dix livres de votre bibliothèque, lesquels ce seraient ?

Waouh ! Le choix n’est pas facile hein ! Mais on va quand même se prêter au jeu (rire).

  1. La Sainte Bible                                         6. Une si longue lettre
  2. Bantu Roots                                             7. Au bout du silence
  3. Anthologie négro africaine                      8. Les bouts de bois de Dieu
  4. Dictionnaire Omyènè Français                 9. Exprime ta passion et suscite des vocations
  5. Contes gabonais                                     10. Madame Amour Sida…ou la voleuse de vie.

Un mot sur la vie littéraire au Gabon…

La vie littéraire au Gabon est en plein essor. Elle se porte à merveille. De plus en plus de personnes s’adonnent à l’écriture des œuvres de tout genre avec des thématiques variées exprimées dans des genres différents. En l’occurrence, le roman épique, le polar et la chiken littérature ont fait leur entrée dans  la littérature gabonaise.

L’État lui accorde-t-elle une place importante ?

Non, malheureusement.

Comment s’organise la littérature au Gabon ?

Les écrivains s’organisent en association en plus d’être membres de l’Union des Écrivains du Gabon (UDEG), selon les sensibilités littéraires (poètes, slameurs, dramaturges, essayistes etc.) et également selon les objectifs d’écriture des uns et des autres. La tendance actuelle est au rassemblement de toutes ces sensibilités sur le plan local, régional et international par la création du Festival International du Livre Gabonais et des Arts (FILIGA).

Vous intervenez beaucoup sur les problèmes de société ; quelle lecture faites-vous de la situation socio-culturelle africaine ?

L’Afrique est une société en perte de ses valeurs culturelles et traditionnelles, en quête de son identité et d’une personnalité propre à elle. Elle est aussi en quête de repères spirituels pour retrouver sa stabilité, sa puissance, son hégémonie d’antan et son autonomie.

 Pour vous, quels seraient les axes prioritaires de travail pour une situation meilleure ?

En mon sens, trois grands axes seraient prioritaires pour une situation meilleure : la spiritualité, l’économie et les relations humaines pour davantage d’unité. Mais pour y arriver, il serait primordial de mettre en pratique la formation, le partage et le travail communautaire en réseautage.

Vous êtes une source d’inspiration pour plusieurs jeunes femmes gabonaises, pouvez-vous nous partager les valeurs qui ont fait de vous ce que vous êtes actuellement ?

Je mets un point d’honneur, entre autres, sur  les valeurs spirituelles, morales, culturelles et familiales. Notamment, l’amour, la compassion,  le respect de soi et d’autrui, même du plus jeune que soi ; la rigueur et l’amour du travail bien fait.

Écrire pour vous c’est ? 

Transcender le monde matériel en vue de pénétrer l’esprit du lecteur afin que ce dernier retrouve sa conscience historique (son origine, son identité et sa personnalité); qu’il reconquiert sa conscience éthique (ses valeurs) ; qu’il développe sa conscience stratégique (la manière dont il veut gagner ses combats) ; qu’il fortifie sa conscience utopique (la vision qu’il de la terre de ses aïeux)… Écrire pour moi, c’est façonner un meilleur demain.

Quel est votre processus d’écriture ?

Waouh ! Je pense que c’est le même que pourrait suivre chaque écrivain… L’inspiration naît d’une histoire vécue, lue, entendue, imaginée ou qui m’a été racontée. 

Parfois, le projet d’écriture est conçu avant même l’écriture de l’histoire. Mais la plupart du temps, le projet d’écriture est conçu après avoir écrit l’histoire, ou même pendant que l’histoire se crée (rire). Et là, il s’agit alors de réajuster et d’harmoniser pour que la trame de l’histoire soit en congruence avec mon objectif d’écriture.

Vous êtes auteure de quatre (04) ouvrages, pensez-vous déjà à un cinquième ? Si oui sur quel sujet porterait-il ?

Oui. Le  cinquième roman est déjà en voie d’être édité. Le sujet est orienté sur la détermination de la femme à obtenir ce qu’elle désire quelles que soient les difficultés rencontrées.

Vous êtes militante engagée dans la lutte contre le sida et  d’ailleurs, vous avez écrit un ouvrage, le premier de votre carrière d’écrivaine, intitulé « Madame Amour-sida… ou la voleuse de vie », paru en 2013 aux Éditions ODEM. Que pensez-vous de l’évolution des traitements sur le sida aujourd’hui ?

Je me réjouis grandement de cette évolution, car aujourd’hui, l’on ne meurt plus de cette infection. L’enfant n’est plus contaminé par sa mère. Mais cela n’est possible que si et seulement si  le traitement antirétroviral est  scrupuleusement respecté.

Pensez-vous qu’il en faut plus ?

Oui. Car à la longue, certaines  PVVIH se lassent de la rigueur du traitement et de la grosseur des antirétroviraux. On pourrait peut-être alléger le traitement par des injections pour remplacer ou alterner avec les comprimés.

Vous avez mis en place le programme de Transformation Personnelle ILOW dénommé « UNE FEMME UNE MISSION COMBAT POUR LA VICTOIRE ? » En quoi consiste ce programme ?

Dans un premier temps, il serait intéressant de préciser que le Programme de Transformation Personnelle ILOW (PTPILOW) est un programme centré sur le Bien-être, la Découverte de soi et l’Autonomisation des minorités discriminées. En outre, celui dénommé « Une femme une mission combat pour la victoire » est la formation principale de ce programme. Il s’adresse à la femme avec pour enjeu de l’amener à avoir une meilleure connaissance d’elle-même, de savoir construire son Bien-être et celui de son entourage et aussi de lui apprendre à impacter son environnement en vue de participer activement au développement de sa communauté.

Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur aujourd’hui ?
Plusieurs projets mais j’en citerai juste deux :
Aider les uns et les autres à se découvrir pour construire son Bien-être en vue de développer la communauté ;
Sensibiliser les jeunes quant à leurs futures responsabilités en tant qu’adultes.

Votre mot de la fin !

Ne nous laissons pas aller à la distraction. Le chantier « Afrique » est vaste. La terre de nos aïeux a besoin de notre unité plus que par le passé. Unissons-nous comme les tiges du même balai et bâtissons une Afrique forte et stable. Cela serait le meilleur héritage que nous pourrions laisser à nos enfants. 

Merci infiniment pour l’intérêt porté à mes activités. Le meilleur reste à venir. C’est ensemble que nous y arriverons !


Franckh Espérant NOMBO

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