L’auteur
Nétonon Noël Ndjékéry est né dans le sud du Tchad, précisément à Moundou, en 1956. Son père est un militaire faisant partie des troupes françaises. C’est pourquoi sa famille et lui grandiront dans la garnison militaire de Moundou qui, malgré l’arrivée des indépendances, restera pendant longtemps sous le contrôle de l’armée française. Après ses études supérieures de mathématiques et de physique à l’Université du Tchad, il devient enseignant. Il est notamment enseignant de mathématiques au Tchad, avant de s’installer en Suisse où il vit depuis plusieurs années. C’est donc en Suisse qu’il se spécialise en informatique, ce qui lui permet d’être actuellement informaticien dans une entreprise industrielle à Lausanne.
Nétonon Noël Ndjékéry choisit certes de faire des études de sciences physiques et mathématiques, mais il reste très attaché à la littérature. L’environnement dans lequel il grandit lui permet d’avoir accès à certains ouvrages qui vont le marquer dès son bas âge. Il commence à lire très tôt, alors qu’il ne comprend même pas encore grand-chose de ses lectures. À peine âgé de 12 ans, il lira Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire, après avoir déjà lu Cahier d’un retour au pays natal du même auteur. Adolescent, il est marqué par Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, sans oublier, entre autres, Chronique d’une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez qu’il lira plus tard.
Sa première publication est un recueil de nouvelles : La Descente aux enfers et onze autres nouvelles,paru aux Éditions Hatier en 1984.En 1999,chez L’Harmattan, il publie son premier roman intitulé Sang de kola. Ensuite, il publie entre autres Chroniques tchadiennes (roman, Infolio, 2008) ; Mosso (roman, Infolio, 2011) ; Goudangou ou les vicissitudes du pouvoir (théâtre, Éditions Sao, 2011) ; La Minute mongole (nouvelle, Éditions de la Cheminante, 2014) ; Au petit bonheur la brousse (2019) et Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis (2022). Les deux derniers romans cités, des romans, paraissent aux Éditions Hélice Hélas.
Le roman primé
Ce roman est une « Plongée dans les horreurs de la traite négrière transsaharienne. Des caravanes en partance pour la péninsule arabique, en passant par la colonisation française, l’enrôlement des tirailleurs africains jusqu’à l’essor du mouvement djihadiste Boko Haram, Nétonon Noël Ndjékéry explore 200 ans d’histoire de la privation de liberté et de l’exploitation humaine dans la région de l’actuel Tchad. En parallèle, à travers le récit de la fuite du jeune esclave Tomasta et de ses compagnons de route, l’auteur élabore une utopie subtile : celle d’une société afropolitaine, solidaire et ouverte à la diversité ainsi qu’à sa propre histoire. » (l’éditeur).
Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis sur lequel le choix du jury du Grand Prix littéraire d’Afrique noire a été porté, est un roman écrit après plusieurs années de recherches. On y retrouve une sorte d’humour tragique, en ce sens que l’auteur, à la plume envoutante, y mêle la gravité du sujet à l’humour qui est presque consubstantielle à son écriture de façon générale. À travers ce récit qui se déroule dans un pays imaginaire, « la Baobabia », l’auteur met en récit l’histoire du Tchad et parallèlement celle de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours.
Ce roman avait déjà remporté le Prix Hors Concours en novembre 2022. Un prix créé en 2016 pour récompenser les écrivains francophones publiés par des éditeurs indépendants, qui n’ont pas un gros capital, mais sont capables de distribuer sur l’étendue du territoire français. Nétonon Noël Ndjékéry a également reçu en 2017, le Grand Prix Littéraire National du Tchad pour l’ensemble de son œuvre littéraire. Le Grand Prix littéraire d’Afrique noire est ainsi un beau couronnement de ce livre qui revisite une partie importante de l’histoire des relations entre l’Afrique et l’Europe.
Boris Noah