À la rencontre de Sophie-Anne Landry et Mattia Scarpulla

« Écrire sur le corps peut être une manière de se réapproprier la parole sur celui-ci. »

Mattia Scarpulla, Photo fournie
par l’éditeur
Sophie-Anne Landry, Crédit photo : Atwood
Sophie-Anne Landry, Crédit photo :
Atwood

Épidermes : un recueil de quatorze textes écrits par quatorze écrivain.e.s. La thématique centrale du recueil porte sur le corps. Il a été dirigé par Sophie-Anne Landry et Mattia Scarpulla que nous avons rencontré dans le cadre des Conversations du Sanctuaire de la culture.

Comment en êtes-vous venu.es à vous questionner sur la thématique du corps ? Y a-t-il un message sous-jacent ? 

Mattia :

Avec Sophie-Anne, nous nous intéressons depuis longtemps à ce sujet, dans des projets performatifs et littéraires communs, mais aussi dans nos parcours respectifs. De mon côté, j’ai toujours été intéressé par les représentations du corps et leur usage dans la vie quotidienne : le fait de se construire une identité, de choisir incessamment une image physique (mais aussi émotive) avec laquelle se présenter aux autres, dans un rendez-vous de travail, durant une fête et au fil des médias sociaux. 

Entre 2005 et 2011, à travers un doctorat de recherche à l’université française, j’ai travaillé dans le milieu de la danse, et j’ai approfondi ma connaissance de l’expression corporelle, qui m’a ouvert un autre angle de perception du monde, en plus de celui du langage. Le langage définit les choses. L’expression corporelle ouvre la réalité vers de nouvelles possibilités. Et aujourd’hui, je suis de nouveau étudiant en doctorat, en création littéraire, et j’analyse le corps de l’écrivain.e, sa relation sensorielle et somatique avec son environnement, avec ses processus de création. 

Sophie-Anne :

La thématique du corps est présente dans la plupart de mes écrits et projets actuels. Comme je le mentionne dans la préface d’Épidermes, j’ai toujours eu une relation amour-haine avec mon corps. Je le vois un peu comme un espace dichotomique sur lequel déborde la psyché. Écrire sur le corps me permet de l’envisager avec du recul, d’y poser un regard plus lucide. La consigne proposée aux auteur.rice.s était d’écrire sur la manipulation du corps désirée ou imposée, physique, psychologique ou sociale et pouvait prendre une forme plus intime ou encore à la frontière entre réel et imaginaire, voire fantastique. Avec Mattia, nous voulions découvrir des voix et des regards diversifiés sur ces changements, sur la capacité d’adaptation ou non, sur la manière dont peuvent marquer les transformations. 

Pour ce qui est de ma nouvelle Effet ambre, j’explore le côté psychologique et physique du déracinement lorsque l’on perd ses repères sociaux et géographiques. En utilisant la forme du conte noir, je pouvais mettre un visage plus concret sur l’environnement qui devenait graduellement hostile au regard de la narratrice. J’aime particulièrement le doute et le jeu de frontière entre la réalité et le mystère qui laisse au lecteur.rice la possibilité d’interpréter et de remettre en question les événements un peu à l’image de la nouvelle, le Horla de Maupassant.    

Le corps est la frontière entre le soi intérieur et le soi que l’on projette dans le monde social. Il est autant le point d’accès de notre vulnérabilité que le masque qui s’offre au regard des autres.

J’ai l’impression, ce n’est peut-être qu’une impression, que dans la plupart des textes du recueil, le corps n’est pensé que dans sa dimension matérielle. La question que je me pose ou que je vous pose est celle de savoir s’il est possible de s’approprier son corps sans prendre en compte sa dimension spirituelle.

Mattia :

Je réponds de manière personnelle. Oui, je peux écrire sur le corps en soulignant sa matérialité, et sans prendre en compte une dimension spirituelle. Surtout parce que je ne communique jamais avec ma réalité par le biais d’une dimension spirituelle. J’ai grandi dans une famille de culture chrétienne-catholique, avec un point de vue agnostique sur la religion. Après mes vingt ans, j’ai pris conscience d’être athée. Grâce aussi au fait que j’avais parmi mes meilleur.e.s ami.e.s des catholiques, qui ont foi en Dieu, qui vivent en respectant une tradition religieuse. Si je ne crois pas personnellement à une dimension métaphysique ou divine accompagnant notre dimension réelle, je comprends que l’on puisse vivre avec.

Ce qui pour moi se rapproche le plus de la spiritualité est le sentiment que je ressens dans des atmosphères générées par les relations sociales (cette charge émotionnelle, qui dépasse un entendement pragmatique de notre vie, est tangible pendant un cours de yoga, une relation amoureuse, une conversation infinie entre des ami.e.s dans un bar, ou après un accident de route, etc.). 

Mais je pense que c’est ton point de vue de lectrice qui est intéressant. Tu constates que dans Épidermes, la thématique du corps se développe dans des dynamiques matérielles et non spirituelles. Pourquoi tu fais cette constatation?  En allant vers ton impression, je pourrais dire que l’absence de dimension spirituelle dans ma vie a pour conséquence que des lecteur.trice.s voient dans mes écrits uniquement la dimension matérielle du corps. Par exemple, dans ma nouvelle pour le collectif Épidermes, Respirez doucement, j’ai voulu parler de certains mouvements de pleine conscience qui manipulent psychologiquement les personnes, en les rendant aveugles par des croyances générales d’amour et de bonheur. Pour faire ressentir cette manipulation, il fallait que le rapport au corps des personnages devienne progressivement et intensément cru, concret, palpable. Matériel. 

Je ne sais pas si la relation avec une dimension spirituelle est importante pour les autres écrivain.e.s du collectif. Il faudrait leur demander. Il me semble que tout.e écrivain.e athée peut plonger dans un processus de création mettant en scène des personnages croyants, et vice-versa.  

Sophie-Anne :

Je ne suis pas une personne croyante non plus, mais je peux voir un lien entre la dimension matérielle et la dimension spirituelle. Certains membres de ma famille ont une approche très intuitive de leur corps et perçoivent un lien entre les maladies et les blessures psychiques, les émotions négatives. Un peu comme le messager qui indiquerait qu’un travail de croissance personnelle est à entreprendre dans l’exploration de la source émotive initiatrice de la maladie, en plus des soins de santé médicaux. Je ne peux pas dire que je rejoins complètement cette vision, mais il y a une dimension spirituelle dans cette croyance. Le corps comme interprète des blessures psychiques au même titre qu’il l’est pour les blessures physiques me parle. 

Est-ce que la dimension spirituelle est présente dans Épidermes? Je ne sais pas. Je peux toutefois voir un lien fort entre la psyché et le corps. J’ai l’impression qu’il serait difficile de dissocier les deux.

Un petit tour sur les biographies des auteurs me permet de constater que pour la plupart d’entre vous, il a fallu à un certain moment s’assumer, assumer un corps qu’on n’aimait pas toujours. Je voulais dire accepter que « ceci est mon corps, je ne vais donc pas le manger, mais le nourrir et l’ex-poser » (au sens de poser au dehors, de mettre en vue, de présenter, de montrer au monde que je suis fier ou fière d’être qui je suis). Est-ce cela ?

Mattia :

De nouveau, je peux répondre pour moi-même. Il faudrait poser la question à chacun.e des auteur.trice.s. Dans mon parcours de vie, j’ai commencé à m’accepter comme je suis, corporellement et dans mon désir envers les autres, seulement depuis quelques années. Et en effet, je soigne moins mon image. Je suis moins critique sur ma manière de parler. Ce que les autres pensent de moi et de mon corps me touche moins. 

Cette distanciation de moi-même a été remplacée par un esprit très critique sur la manière dont les personnes ont souvent besoin de définir les autres, de les juger, de leur imposer ce qui est juste et injuste, moral et amoral. 

Sophie-Anne :

La pression sociale est forte, particulière pour les femmes quant à l’apparence physique. Les représentations encore majoritaires du corps jeune, sans défaut, presque plastique jouent dans cette insécurité. Il me semble qu’il y a une certaine dépossession de notre image intime dans cette représentation constante du corps normalisé. Cette dépossession va d’ailleurs plus loin encore avec la question de consentement, de violence conjugale, d’invisibilisation de certains genres qui sont tous des enjeux sociétaires majeurs. Dans ce contexte, la relation trouble avec notre corps ne me surprend pas tellement bien qu’elle me peine.  

Écrire sur le corps peut être une manière de se réapproprier la parole sur celui-ci et de prendre conscience de ce qui influence notre rapport, notre façon de le percevoir. Avec Épidermes, la thématique du corps est abordée par les voix uniques et variées des auteur.rice.s. Il est exposé dans ses fragilités, ses différences, ses déchéances même. Il s’agit d’une façon de sortir de la vision normalisée et d’exposer une pluralité de prise de parole sur le corps. Il nous semble que cette diversité de corps est une force du recueil. 

Pensez-vous qu’il existe une manière spéciale de gestion d’un corps spécifique selon la situation personnelle dans laquelle on se trouve ?

Mattia :

OUI ! Une très belle question, qui touche le cœur de notre collectif, et la singularité de chaque texte, dans sa forme et dans son récit. Je répète : OUI. Je crains les discours universels. L’universalité, mais aussi l’authenticité, sont des catégories qui se sont développées dans des cultures ethnocentriques et colonialistes, pour concevoir le monde à travers une seule normativité. Pourtant, chaque gestion d’un corps est singulière. Chaque relation humaine, avec un autre individu, ou avec un groupe, est singulière. Chaque expérience est singulière. Chaque gestion d’un texte est singulière. Je suis très attiré par la tradition de la médecine chinoise, parce qu’elle prend en considération cette singularité de tout organisme pour le soigner. Mais pour aller vers la singularité de la relation avec l’autre, il faut réussir à abandonner son propre ego (grande maladie de notre société du spectacle), son propre orgueil, et s’attendre à ce que les choses n’aillent pas comme on pouvait l’avoir prévu. 

Sophie-Anne :

Je ne saurais mieux répondre à la question que Mattia. 

Le corps, le désir, la sexualité, des liens qui reviennent souvent dans le recueil. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Mattia :

Nous désirons chaque jour ressentir des sensations positives. La perception de notre environnement passe par nos cinq sens, par notre peau, par notre chair. La sexualité, mais aussi toute autre forme de lien avec les autres est enrichissant, accomplissant. Je ne me vois pas vivre dans un monde construit par des cellules isolées, sans contact humain (un peu la société choisie par les gouvernements dans notre présent pandémique…). 

Pour Épidermes, nous avons invité des auteur.trice.s à écrire sur la manipulation physique et psychique du corps parce que, malheureusement, les personnes et les groupes ont tendance à vouloir imposer leurs désirs, leurs manières de ressentir le monde, et donc aussi la manière de désirer l’autre corps. 

Sophie-Anne :

Comme Mattia le mentionne, nous sommes des êtres sensoriels. Nous reproduisons les comportements qui nous apportent du plaisir et évitons ceux qui sont désagréables. Dans Épidermes, la sexualité et le désir ne me semblent pas associés aux sensations positives, mais sont plutôt reprisent dans un contexte de désir de contrôle sur l’autre. Je vois l’exception dans le texte d’Anne Peyrouse qui sort d’une part de l’idée plus traditionnelle que nous pouvons avoir de ce désir et qui d’autre part parle avec douceur et sensibilité du désir de corps à première vue non désirable. 

Diriger un collectif est une forme d’altérité qui nous apporte toujours un magis dans la vie. Je dirais même que c’est une expérience humaine, voire corporelle, profonde. Qu’avez-vous découvert en dirigeant « Épidermes » ?

Mattia :

J’ai découvert une personne : Sophie-Anne. Nous avions déjà travaillé ensemble. Mais pour Épidermes, nous avons collaboré étroitement pendant deux ans. Depuis 2019, nous avons commencé à nous écrire presque tous les jours. Nous avons appris à nous apprécier, à nous comprendre, à entremêler nos rythmes de travail. Et nous avons pris plaisir à concevoir une œuvre à deux têtes. Une réalisation pleine de relations humaines, vu que nous avons collaboré avec plusieurs auteur.trice.s. 

J’ai pris plaisir à l’inattendu que l’autre écrivain.e apporte dans la création. Il me semble qu’avec Sophie-Anne, nous avons ressenti que nous n’étions jamais seuls face au livre en devenir. C’est vraiment une autre expérience par rapport à la création d’une œuvre que l’on signe individuellement. 

Sophie-Anne :

La codirection d’Épidermes avec Mattia est un coup de cœur. L’un des points centraux de mes différents projets est le désir de connexion, autant avec l’autre créateur qu’avec le lecteur ou le spectateur. Lorsque je ressens ce lien, mon travail s’en trouve illuminé, lui donne un sens. Le travail avec Mattia fait partie de ces rencontres qui marquent positivement, qui laissent une trace. J’ai l’impression d’être aujourd’hui une meilleure autrice et humaine grâce à cette rencontre. N’est-on pas un peu défini par l’accumulation des rencontres importantes dans nos vies? Je l’en remercie infiniment pour cela. 

Je suis aussi profondément touchée par la confiance des auteur.rice.s du projet avec qui nous avons pu évoluer durant la dernière année et demie. Codiriger ou diriger un collectif demande en quelque sorte un acte de foi. C’est parfois le premier contact que nous avons en dehors des écrits des auteur.rice.s. Il y a une part d’adaptation à tout nouveau projet, toutes nouvelles collaborations. Pour Épidermes, nous avons eu la chance de travailler avec des personnes disponibles, ouvertes et talentueuses. Un acte de foi aussi envers nous-mêmes également. La gestion de projet nous permet d’en apprendre beaucoup sur soi en tant qu’écrivain.e, mais aussi en tant qu’individu.e. Un beau voyage en eau calme, bordé de découvertes et de rencontres enrichissantes si je peux me permettre l’image. 

Quel est, à votre avis, le rôle du corps dans la constitution de la personnalité ?

Mattia :

Nous vivons à travers nos corps. Sans corps, nous n’existons pas. Il me semble qu’on nous impose une conception du corps dès l’enfance. On commence ainsi à être manipulés par la tradition. Puis, à un certain moment, nous comprenons que les catégories idéales qu’on nous avait enseignées ne sont qu’illusion. Alors on commence enfin à vivre avec notre corps. Notre relation à notre corps et à celui des autres détermine nos choix de vie, et peut-être nos choix d’écriture. 

Sophie-Anne :

Le corps est la frontière entre le soi intérieur et le soi que l’on projette dans le monde social. Il est autant le point d’accès de notre vulnérabilité que le masque qui s’offre au regard des autres. Comme je le mentionnais, il est pour moi un espace dichotomique et complexe, mais, lorsque nous arrivons à dissoudre la frontière entre qui nous sommes et qui nous projetons, j’y vois une sorte de libération inespérée.  

J’ai vu le fleurissement d’une connaissance quand elle a enfin pu exprimer, porter au regard des autres le véritable « soi » caché jusqu’alors sous la couche de normalisation du corps et cet épanouissement était magnifique. 

Doit-on dépouiller l’âme pour habiller le corps ?

Mattia :

Je ne crois pas à l’existence d’une « âme ». Je suis totalement ma chair, chaque jour de ma vie. Que je l’aime ou que je ne l’aime pas, je ne peux pas la fuir. Et si je veux communiquer avec les autres, il faut que je passe par leur corps. 

Sophie-Anne :

Pour ma part, je ne sais pas. Il s’agit d’une bonne question. J’ai parfois l’impression que certaines rencontres dépassent la connexion tangible et matérielle. Je pense que j’ai une certaine attirance pour le côté un peu plus ésotérique associé à l’âme. Il y a entre autres ces rêves récurrents de certaines personnes pour lesquels je ressens une connexion importante, je pourrais dire d’âme à âme, qui reviennent comme une horloge indépendamment de la fréquence de nos rencontres se comptant parfois même en années. Je n’ai pas de réponse précise, mais je ne peux pas expliquer pourquoi ces rêves arrivent précisément à la date anniversaire de la personne en question ou pourquoi la même nuit nous avons rêvé l’un de l’autre. J’ai toujours eu une relation particulière avec les rêves. Par exemple, ma nouvelle Effet ambre est en partie inspirée d’un rêve si précis que je devais l’écrire comme d’une certitude qui colle à la peau. J’utilise souvent les rêves dans ma création, je le vois un peu comme de la matière brute de mon inconscient. 

Le corps, en tant qu’origine et lieu où la vie se révèle à elle-même, garde-t-il son statut de chemin vers l’autre en ces temps où le virtuel semble prendre le dessus sur tout ?

Mattia :

Je réponds indirectement à cette question. Le monde numérique fait désormais partie de la vie d’une personne, surtout dans une société individualiste comme la nôtre. Notre corps se construit avec ses avatars et ses extensions virtuelles. Il est plus simple d’évaluer l’autre par des notifications Facebook que de le rencontrer pour discuter avec. Le désir, l’amour, les activités professionnelles avaient déjà tendance à se modifier en lien avec l’ordinateur. Il est plus simple de passer par un écran pour communiquer. Le numérique stimule la construction d’Égos, jusqu’à l’obsession d’être éternellement « liké ». Chez soi, on dirait qu’il suffit d’avoir 100 likes à sa dernière publication pour se sentir bien.

Les gouvernements ont choisi de nous confiner parce que cela était plus simple, on suivait une tendance, la vie par le biais de l’écran.

Pourtant, le corps reste notre premier et principal lieu de vie. Sans le corps, nous ne sommes plus. Notre société numérique essaie de séparer nos corps, de créer de la distanciation contrôlable. C’est une manipulation, puissante, mais inconsciemment souhaitée par une partie des gens. 

Sophie-Anne :

Certainement pas de la même manière. Le corps a sa façon bien à lui de dialoguer avec les autres corps au-delà de la parole. Les écrans bloquent cet aspect de la discussion, un peu comme si nous étions privés d’un sens. J’ai l’impression qu’il est plus difficile, par exemple, de ressentir ou du moins de projeter de l’empathie à l’autre virtuel. Il y a une certaine froideur, une rigidité aux échanges derrière un écran par opposition aux conversations en personne qui, je crois, permettent une meilleure compréhension, un ressenti plus juste de l’autre. Les rencontres virtuelles sont des outils pratiques lorsque complémentaires aux rencontres en personne, elles ne pourront jamais les remplacer au risque de perdre une part d’humanité justement dans ce chemin vers l’autre.   

Mon seul regret dans le travail entourant Épidermes est justement de n’avoir pas pu rencontrer les auteur.rice.s et aussi le public à son lancement. 

Le corps d’Épidermes est-il un corps libre ou un corps esclave ?

Mattia :

C’est un corps manipulé, qui est obligé de choisir une transformation, une rébellion, pour se sentir libre. C’est un corps en lutte pour choisir activement dans son existence. Les textes ne me semblent pas parler d’un « corps esclave », mais ils traitent tous d’une relation de dominance-subordination entre deux entités (individus, groupes ou systèmes). 

Sophie-Anne :

J’appuie la réponse de Mattia. 

Des projets d’avenir ? 

Mattia :

Sophie-Anne et moi avons tellement aimé collaborer que nous voudrions recommencer avec un nouveau projet de collectif. 

De mon côté, en mai 2021, je publie chez Annika Parance le recueil de narrations poétiques Au nord de ma mémoire. Pour la première fois, mes œuvres poétiques seront accessibles en librairie au Québec. La thématique du corps, ses représentations et ses identités, sera encore une fois centrale, en lien avec celles du déracinement et de l’immigration. 

Sophie-Anne :

Je seconde Mattia pour la future collaboration!

Je participe en ce moment à deux collectifs multidisciplinaires : Le collectif Les Bourrasques et La danse des écrivain.e.s. Le collectif Les Bourrasques, dont je suis l’instigatrice, est un projet de spectacle littéraire (à venir) et de vidéo poétique qui vise la réappropriation de la parole féminine sur le corps par l’art. Le collectif la danse des écrivain.e.s quant à lui questionne la place du corps dans l’écriture et chez l’écrivain.e par des textes et des improvisations corporelles. Tout comme Mattia, la thématique du corps est également importante dans ma pratique actuelle. 

Pour finir, je travaille sur mon prochain recueil de poésie qui pose un regard sur les fatigues du monde qui l’entoure dans ses retranchements les plus catastrophiques, voire apocalyptiques.

Les auteur.es :

Mattia Scarpulla, écrivain, Ph.D. spécialité danse, écrit des poèmes et des nouvelles. Il est actuellement doctorant en études littéraires à l’Université Laval, Québec. Il est lauréat du Prix de poésie Rolande-Gauvin 2018.

Sophie-Anne Landry, récipiendaire de la mention du jury du Prix Piché 2017, propose une suite poétique aux visions flottantes et abstraites. Il fera peut-être naissance invite le lecteur à un parcours où l’identité et la perception sont en jeu : les failles intérieures s’inscrivent naturellement dans le rapport au monde au sein duquel l’espoir s’avère être lui-même un potentiel incertain.

Propos recueillis par Nathasha Pemba, 9 avril 2021.


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