Le carrousel des eaux de Françoise Roy

Auteure de plusieurs ouvrages et articles sur le Mexique, Françoise Roy est Québécoise. Elle est titulaire d'un certificat en traduction (Guadalajara, 2000) et de plusieurs diplômes universitaires. Elle est une poète renommée qui a reçu plusieurs prix de poésie et donné des lectures dans de nombreuses grandes villes. Elle parle couramment le français et l’espagnol. Elle vit au Mexique.

Le carrousel des eaux, titre énigmatique qui traduit d’une certaine façon le recueil lui-même, si l’on tient compte du résumé qui le définit comme étant un mythe ou, disons le mythe de la création. L’œuvre est publiée en 2019 aux Éditions de la Grenouillère. L’auteure, Françoise Roy, avec un parcours impressionnant, entre les eaux, est d’origine québécoise et vit au Mexique depuis 1992. Ce recueil, entre l’expérience de la vie et de la littérature, entre la philosophie et l’allégorie, nous fait entrer dans un univers de reprise, entre l’être, le non-être, l’évanescent et l’éternel.

La structure singulière de ce recueil entre tradition et ouverture (poésie en prose), est multidimensionnelle avec des accents culturels, ontologiques, voire métaphysiques, place le lecteur au cœur d’une magie de la création : Tout est parti de deux êtres, un homme et une femme. Malheureusement le destin n’était pas en accord avec leur amour. Retour sur les origines, influence certaine des mythes de la création. Modernisation du mythe :

L’homme sans voir l’ange à ses côtés enfile son maillot de bain et fait un plongeon, ayant franchi les galets blessants de la grève.

Belle heure pour une baignade, accompagné d’un ange supplémentaire, qu’il voit, celui-là, en chair et en os, son squelette invisible sous la peau. De sa main droite (son cœur à gauche), il tire le rideau de l’air et la regarde frétiller, cet ange femme pesant moins qu’il y a deux minutes.

Françoise Roy, qui recourt quelquefois au lexique philosophique, voire théologique, véritable bande de son recueil de poèmes, donne à réfléchir sur une tradition où se joue une panoplie de réalités amoureuses qui ne finissent pas toujours selon le souhait des amoureux, parce que la force du destin fait bifurquer les chemins. Entre ces voies, l’auteure entrelace ou superpose une troisième voix (voie), la sienne, omniprésente, actrice principale qui met sur la table l’évidence du destin et de l’amour à partir de la mythologie.

Lui/elle, deux demi-cercles
Qu’un mortier terrestre maintient collés,
Et que cet océan nouveau-né
S’entête à départir

C’est un recueil de poèmes et chaque poème, porté par le souffle de la liberté, est à la fois dépendant et indépendant. Bien qu’orientée vers les thématiques du destin et de l’amour, l’œuvre s’intéresse aussi à la nature qui y trouve une place prépondérante. Ce qui donne un autre ton au recueil sans pour autant en rompre le charme. Dans le même temps, l’auteure rappelle au lecteur que la plupart des réalités humaines se fondent sur une mythologie.

Le carrousel des eaux revisite ainsi avec originalité le mythe de la création, sous de la rencontre et de la relation, mais aussi sous le signe du destin. Comme dirait Marc Aurèle, il y a ce qui dépend de l’humain et ce qui ne dépend pas de lui. Ce qui ne dépend pas de lui est dirigé par le destin. À travers un couple, une sorte d’Adam et Ève moderne, l’auteur montre que, comme dans toutes les mythologies, tout est parti de quelque chose et qu’il y a toujours eu des humains au commencement de tout. Comme le souligne Gaston Bachelard, « Au commencement est la relation ». L’amour peut s’y greffer de façon secondaire, mais on parlera d’abord de rencontre et de relation. L’auteure mène donc une réflexion sur la rencontre, la relation, l’amour et le destin (Notre vie est-elle programmée, écrite ou déterminée ?). On y retrouve aussi les thèmes de la femme : « Dieu la Mère », soulignant la place et la responsabilité de la femme.

Chez Françoise Roy, la poésie devient le lieu du développement de sa pensée; le lieu de la mise en évidence de ses réflexions, de ce qu’elle observe, apprend à ce qu’elle vit. Ainsi ses textes sont colorés des divers éléments de la création : eau, terre, souffle, femme, homme, désir, rêves, cœur, relation, etc.

Nathasha Pemba

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