Autour de Guy Menga Chantre de la parole – De Marie-Léontine Tsibinda

Marie-Léontine Tsibinda est une auteure congolaise qui vit au Canada. Ses publications sont multiples. Guy Menga Chantre de la Parole est son plus récent ouvrage. Une monographie publiée en 2022, aux Éditions +, en France qui nous présente Guy MENGA sous un nouvel angle. Elle a bien voulu répondre à nos questions.

De quoi parle cet ouvrage qui est dédié à Guy Menga ?

Guy Menga Chantre de la Parole est un livre qui présente, en résumé, la vie de Guy Menga, l’écrivain, le journaliste. L’homme politique a aussi sa dynamique, car il fut ministre sous la transition avec André Milongo, comme président. Mais personnellement je me suis attardée sur Guy Menga « le porteur de liberté » pour reprendre la belle formule de Sony Labou Tansi, dite lors de l’une de ses nombreuses interviews, en l’occurrence lors de sa rencontre avec Tchicaya U Tam’si au micro de Daniel Maximin, écrivain-journaliste, il y a quelques années déjà, sur Antipodes de France-Culture. C’est la marche de Guy Menga depuis son village Mankongono dans le Pool, jusqu’aux rives de la Ceinture, c’est-à-dire la Seine, (trouvaille de Tchicaya U Tam’si), en passant par celles impétueuses du puissant fleuve Congo où trônent Brazzaville et Kinshasa. C’est un livre qui s’ouvre et se veut comme un apetizer, car il faudra des milliers et des milliers de pages pour présenter un Guy Menga !

Guy Menga, pseudonyme qu’il s’est donné contrairement au choix de ses parents Alexis Menga et Martine Nsona Loko qui l’avaient nommé dès sa naissance : Bikouta-Menga Guy Gaston !

Que représente Guy Menga dans l’univers de la littérature congolaise ?

Guy Menga ? Une icône de la littérature congolaise. Un pilier incontournable qui même dans sa blanche vieillesse sait réconcilier petits et grands, car son monde littéraire intéresse toutes les générations. Une littérature dont les gerbes ont traversé les 342 000 kilomètres carrés de son bassin natal congolais. Guy Menga, tout comme Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si, Henri Lopes, sans oublier le doyen Jean Malonga, demeure l’un des porteurs des lettres de noblesse de notre littérature.

Quel est l’impact des écrits de Guy Menga auprès de la nouvelle génération congolaise et africaine de manière plus large ?

Un pur bonheur ! J’ai rencontré sur Facebook, Victor Hugo, pas celui de Les misérables, mais celui qui est piqué par le virus des livres, et qui est très émerveillé par la création littéraire africaine en général et congolaise en particulier ! Il lit, en ce moment, La case de Gaulle et Kotawali. Il est d’Algérie ! Et au Congo des jeunes rencontrés sur les murs de Facebook me disent la même chose et citent L’aventure du silure qui les a subjugués et demeure comme l’élément déclencheur de leur création littéraire pour certains ! 

Quels sont les ingrédients ayant conduit au succès de la pièce de théâtre La Marmite de Koka-Mbala ?

La marmite de Koka-Mbala est un trésor national qui a déjà célébré ses noces d’or (50 ans d’existence, voire plus) sans aucune ride. Elle a été jouée partout en Afrique, au festival des Arts Nègres de Dakar, chez le Président Léopold Sédar Senghor, à Kinshasa chez le Président Maréchal Mobutu Sese Seko, au palais de Brazzaville du Président Alphonse Massamba-Débat, à Kinkala, etc. Toujours avec le même succès. Le message de la marmite traversera tous les siècles, car il y aura toujours des questions brûlantes tant que les vieux domineront les jeunes, voudront les marier contre leur gré. L’homme ne devrait pas dominer sur l’homme, mais sur son péché mignon ! Cela étant dit, la meilleure réponse viendra de Guy Menga lui-même.

Quelle est la place du livre congolais aujourd’hui dans la littérature mondiale ?

O que j’aime cette question ! Le livre congolais a de la prestance dans la littérature du monde.

Elle rafle des prix nationaux, internationaux, des prix prestigieux : Prix Renaudot, Prix des Cinq Continents, Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire, Prix UNESCO Aschberg. Les Congolais ont eu ces prix. Guy Menga en a remporté aussi. Et ses livres sont traduits en plusieurs langues. Sa pièce de théâtre La marmite de Koka Mbala est toujours d’actualité et encore jouée dans le monde.

Pourquoi un ouvrage sur Guy Menga et pas sur Sony Labou Tansi, où Tati-Loutard, que vous avez bien connus ?

J’ai rencontré Guy Menga lors de la conférence nationale de Brazzaville et il est rentré en France après son mandat ministériel sous le règne d’André Milongo. Nous nous sommes retrouvés par le biais des médias sociaux ou des amis. Je lui ai soumis mes manuscrits, notamment La porcelaine de Chine, théâtre, Lady Boomerang, roman. Il a préfacé le théâtre. Il a écrit sur trois pages pour me montrer les hauts et les bas du manuscrit romanesque.

Quand je lui ai demandé une interview pour mon Blog, il a répondu sur presque 20 pages capitalisées en Guy Menga Chantre de la Parole. J’espère que ce livre rendra heureux les fans de Guy Menga, les critiques littéraires, les universitaires, les étudiants, les amoureux du livre…

Jean-Baptiste Tati Loutard, écrivain, mais également ministre et il y avait une certaine distance : son grand ami Sylvain Bemba était plus proche de lui que nous autres.

Je suis en train d’écrire sur Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si et Léopold Mpindy Mamonsono, pas sur le mode classique de Guy Menga Chantre de la Parole. Un autre visage de la création littéraire. Dieu voulant, le moment venu, nous en reparlerons.

Quels sont vos rapports avec les cercles littéraires de Paris et du Congo ?

Paris c’est l’incontournable BDI voilà en quoi se résument mes rapports avec les cercles littéraires de cette ville. Mais j’ai des contacts merveilleux avec la vague des écrivains d’hier et d’aujourd’hui et c’est fantastique ! Je lis les jeunes qui me font confiance et m’envoient leurs manuscrits prometteurs.

Depuis votre départ du Congo à la suite des pogroms de 1997, êtes-vous repartie sur les terres de Girard qui vous sont si chères ?

Pas encore. Comme disait Tchicaya U Tam’si, « Vous habitez le Congo, mais le Congo m’habite ! » J’entends toujours ma Loukoula chanter. C’est le « kadak kadak » des trains sur les rails du Chemin de Fer Congo-Océan qui ne bouscule plus les arbres séculaires du Mayombe bruissant de ma mémoire.

Peut-on s’attendre à un autre ouvrage après celui dédié à Guy Menga ?

Vous savez, l’inspiration, c’est comme le vent ou la brise qui soufflent. Quand elle me visitera, je me courberai sur son passage. J’écrirai selon sa volonté et je donnerai une suite à Guy Menga Chantre de la Parole, selon ce que l’esprit me dira, me soufflant le nom d’un auteur du Congo ou du Canada ou d’ailleurs, pourquoi pas !

Qu’est-ce qui peut pousser le lecteur à acheter cet ouvrage dédié à Guy Menga ?

La curiosité de déguster cet apetizer servi sur les rives de la Gatineau, au Canada, quand Guy Menga l’intéressé vit en France sur les berges del’Eure, bien loin de la Madzia, du Djoué, de la Loufoulakari ou du puissant fleuve Congo…

Le désir de vivre son enfance, de le voir marcher avec les grands de ce monde, présidents, historiens, car un journaliste côtoie ce genre de monde. De goûter avec lui aux joies de la lecture, de découvrir ses auteurs préférés et qui l’ont ébloui. De voir que l’espace littéraire de Guy Menga ne se limite pas seulement au Congo-Brazzaville, mais s’ouvre également avec majesté sur les sillons des personnalités comme l’écrivain et ethnologue malien, Amadou Hampaté Bâ qui défend la tradition orale peule, comme Joseph Ki-Zerbo, historien et homme politique ou encore le dramaturge Jean-Pierre Guingané, tous deux du Burkina Faso, et au reste du monde…

Propos recueillis par Cédric Mpindy

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