La journée internationale de la femme : zoom sur neuf femmes inspirantes en Afrique

La Journée internationale de la femme, officialisée par l'ONU en 1977, est célébrée chaque année le 8 mars pour défendre les droits des femmes. Pour l'édition 2025, placée sous le thème « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », Outamsi Magazine a choisi de mettre en lumière neuf femmes exceptionnelles vivant en Afrique, qui se distinguent dans leurs domaines respectifs, ainsi qu'un organisme, Akwaba Mousso, dont l'engagement est remarquable.
Ali Drabo - Abidjan Autonomous District, Côte d'Ivoire

Des femmes inspirantes : Action, éducation, sens et leadership

La Journée internationale de la femme est généralement l’occasion de marquer un temps d’arrêt et de réfléchir à la condition féminine dans divers pays à travers le monde. Une condition souvent entachée de clichés peu reluisants, mais qui suscite néanmoins des réactions et des engagements multiples. Ces derniers ont pour objectif de reconsidérer la femme à sa juste valeur et de lui permettre de vivre pleinement, dans le respect des droits qui lui sont dus, loin des stéréotypes réducteurs imposés par l’ogre sexiste.

Dans un environnement africain où la liberté de la femme est souvent confrontée aux traditions et aux religions, de nombreuses femmes se distinguent par leurs succès dans leurs domaines respectifs, mais aussi par leur engagement quotidien dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Leurs réalisations contribuent à renforcer le respect envers la femme, prouvant ainsi qu’elle n’est ni une éternelle assistée ni celle condamnée à jouer un rôle secondaire. Bien au contraire, elle est un être intelligent, libre et autonome, capable d’inspirer par sa réussite et son dévouement.

Ces femmes, particulièrement inspirantes, se posent comme de véritables modèles pour la jeunesse africaine. Nous évoquerons ainsi les écrivaines Djaïli Amadou Amal et Carmen Toudounou, les actrices et productrices Ruth Kadiri, Bellevue Kandy et Rosine Nguemgaing, les artistes Josey et Mariusca, les entrepreneures Nanawax et Khady Sow, ainsi que l’organisme Akwaba Mousso.

Un leadership palpable

Ces femmes insufflent une dynamique nouvelle dans leurs différents secteurs d’activité, où elles sont perçues par beaucoup comme des leaders. Le leadership qu’elles incarnent est évident, car elles laissent une empreinte significative dans les domaines culturel et entrepreneurial. Elles parviennent à faire bouger les lignes, et leur engagement en faveur de la cause féminine les place en première ligne dans la lutte pour les droits des femmes.

Djaïli Amadou Amal : la plume d’une vie

 AFP/Joël Saget
AFP/Joël Saget

Djaïli Amadou Amal est une écrivaine camerounaise renommée, principalement grâce à ses romans à succès. Première femme d’Afrique subsaharienne finaliste du Prix Goncourt en 2020, elle a remporté le Prix Goncourt des Lycéens et le choix Goncourt dans plusieurs pays avec son roman Les Impatientes (2020). Lauréate de nombreux prix en Afrique et à l’international, elle a également publié des œuvres telles que Walaande, l’art de partager un mari (2010), Mistiriijo, la mangeuse d’âmes (2013), Munyal, les larmes de la patience (2017), Cœur du Sahel (2023) et Le Harem du roi (2024).

Traduites en plusieurs langues, ses œuvres ont traversé les frontières de l’Afrique et lui ont ouvert les portes de prestigieux espaces internationaux. Docteure honoris causa de l’Université Sorbonne-Nouvelle de Paris en 2022 pour sa contribution aux arts et aux lettres, elle est également une fervente militante des droits des femmes, une cause qu’elle défend à travers ses écrits. Son rayonnement lui a valu le titre d’Officier de l’Ordre national de la Valeur au Cameroun, où elle a également ouvert plusieurs bibliothèques pour promouvoir la lecture et, par conséquent, la littérature.

Une société humaine dans laquelle la femme occupe le rôle majeur qui doit être le sien, actrice de la société et disposante, en parfaite complémentarité sociale avec l’homme et jouissant des mêmes droits que lui. Tendre vers ce changement est nécessairement le produit des efforts conjugués et résolus des intellectuels engagés pour les causes y afférentes, des militants féministes, des institutions internationales et bien sûr des Etats. L’un des facteurs clés de ce changement est évidemment l’éducation des filles. Plus les filles sont instruites moins elles seront enclines à se soumettre par exemple au mariage forcé ou à accepter des orientations qui leur sont imposées et qui ne prennent pas en considération leurs aspirations à un avenir émancipé et autonome.

Carmen Toudonou : offrir un livre et sauver une vie

Page Facebook Carmen Toudonou

Carmen Fifamè Toudounou est une journaliste et écrivaine béninoise, auteure d’une dizaine de publications dans divers genres. Parmi ses œuvres, on peut citer : Presqu’une vie (roman, 2013), Noire Vénus (recueil de poèmes, 2015), L’Odyssée vodou (roman, 2020), Sororité chérie (anthologie, 2022), et L’Orgasme douloureux (roman, 2022). Très tôt, elle se découvre une passion pour le journalisme et l’écriture, et commence à rédiger ses premiers poèmes à l’âge de dix-sept ans. Elle travaille dans la presse écrite et l’audiovisuel avant de devenir Directrice adjointe de l’Institut parlementaire et responsable de l’unité de recherche en communication et technologies de la communication à l’Assemblée nationale du Bénin.

Docteure en communication sociale de l’Université d’Abomey-Calavi depuis 2023, Carmen Toudounou s’intéresse également à l’écriture et à la réalisation de films. En tant qu’entrepreneure culturelle, elle est la fondatrice de la maison d’édition Vénus d’Ébène et dirige de nombreux projets visant à célébrer la femme africaine. Elle est aussi la promotrice du concours panafricain Miss Littérature Afrique, créé en 2016. Ce concours de beauté intellectuelle a pour objectif majeur de promouvoir la littérature africaine et de contribuer à la formation de la jeunesse féminine passionnée par la littérature.

Je pense que si « féministe » signifie « engagé pour les droits des femmes », alors toutes les personnes sensées devraient l’être. C’est délibéré que je n’ai pas utilisé « engagée ». En effet, je ne crois pas qu’il devrait y avoir, d’un côté, des femmes luttant pour leurs droits, et de l’autre, des hommes, au mieux apathiques, au pire railleurs. Je suis convaincue que chacun de nous, que ce soit une sœur, une fille, une mère ou une cousine, a quelqu’un qu’il chérit, et il n’est pas acceptable de tolérer les violations des droits auxquelles les filles et les femmes sont quotidiennement confrontées dans nos sociétés. C’est une question de simple bon sens.
Je n’ai jamais milité dans une organisation féministe, mais, à ma manière, je prends ma part de la lutte en offrant un livre à une petite fille, pour paraphraser Hugo.

Ruth Kadiri : celle que rien n’arrête

Ruth Kadiri -Page Facebook

Ruth Kadiri est une actrice, scénariste et réalisatrice nigériane, très connue pour ses nombreux rôles dans des séries et des films télévisés. Figure majeure de Nollywood et, plus largement, de l’industrie cinématographique africaine, elle est un visage familier pour les amateurs de cinéma africain, même si son nom peut parfois être moins connu. Elle a su capter l’attention du public grâce à son talent exceptionnel. En écrivant ses propres films, cette cinéaste nigériane a participé à plus d’une centaine de productions, ce qui lui a valu plusieurs distinctions, notamment le prix de meilleure actrice de l’année 2015 aux Nigeria Entertainment Awards.

Très attachée aux valeurs religieuses, Ruth Kadiri met son talent et son expérience au service d’autres femmes cinéastes, qu’elle encourage à respecter l’éthique. Elle sensibilise les femmes à ne pas céder aux pressions des producteurs qui tentent souvent de leur faire des propositions indécentes. Elle défend une approche plus digne et responsable du métier d’acteur. De plus, elle partage régulièrement ses projets et ses passions via sa chaîne YouTube, FrenchTV247, qui est très suivie et appréciée.

Arrêtez de comparer votre vie à celle des autres. Il n’y a aucune comparaison entre le SOLEIL et la LUNE. Chacun brille à son heure. J’ai appris à être patiente. J’ai appris à comprendre que le destin des gens est différent. J’ai aussi appris que tout le monde n’appréciera pas votre style, et que tout le monde ne comprendra pas d’où vous venez. Tout ce dont vous avez besoin en tant que personne, c’est de vous concentrer. Que ce soit l’écriture ou le jeu d’acteur, je ne me vois pas essayer de les comparer. Mon devoir est d’effectuer mon travail, et celui des autres est de l’analyser. Le succès consiste à arriver à un point où vous êtes à l’aise avec ce que vous avez et où vous en êtes heureux. C’est exactement ce que je ressens.

Bellevue Kandy : là où la formation et l’humilité amènent la compétence

Belinda Kandy – Page Facebook

Bellevue Kandy est une grande figure du secteur audiovisuel en République Démocratique du Congo. De son vrai nom Belinda Kikusa Kandy, elle est actrice, réalisatrice, scénariste et productrice. Diplômée de l’Institut national des arts, Bellevue Kandy a joué dans de nombreuses séries et films télévisés, à l’instar de la célèbre série ivoirienne Ma Grande Famille d’Akissa Delta.

Après cette première étape, elle décide d’insuffler une nouvelle vision du théâtre et du cinéma congolais en créant ses chaînes YouTube : Bellevue TV et Kandy Star TV, où elle diffuse des vidéos abordant des sujets éducatifs. Avec des centaines de milliers d’abonnés, ses multiples pièces de théâtre et films produits par Bel’Art Production, qu’elle a fondée, connaissent un succès remarquable, enregistrant des centaines de millions de vues. Ce succès fait d’elle une pionnière de la réalisation et de la diffusion de films et de pièces de théâtre sur YouTube en RDC.

Philanthrope dans l’âme et femme de foi, Bellevue Kandy consacre souvent ses fêtes de fin d’année aux côtés des orphelins et des veuves. Elle prône le respect de l’humain, quelle que soit sa classe sociale.

Nous ne sommes pas encore arrivés. Nous sommes en apprentissage. Si tu te convaincs que j’ai déjà atteint mon but, c’est le début de la chute. J’accorde une opportunité à chacun, et je me sens profondément épanouie lorsque je vois les acteurs qui sont passés par moi réussir. L’erreur fait partie de l’humanité, mais la reconnaissance est une vertu précieuse, car elle nous façonne et nous élève. Personne ne peut se suffire à lui-même dans ce monde. Nous avons toujours besoin les uns des autres

Rosine Nguemgaing : pour avancer, il faut rêver

Photo – UNKU NOBS -Facebook Rosine N.

Rosine Nguemgaing est une actrice, productrice et créatrice de contenus camerounaise. Sa passion pour le cinéma se révèle alors qu’elle poursuit ses études de droit à l’Université de Douala, au Cameroun. Issue d’un milieu modeste, avec un père absent et une mère en difficulté financière, Rosine se voit contrainte de multiplier les petits boulots pour subvenir à ses besoins. C’est ainsi qu’elle commence à faire quelques apparitions dans diverses productions audiovisuelles, avant de se faire un nom sur les réseaux sociaux, où sa communauté ne cesse de grandir.

Grâce à des vidéos pleines d’humour sur TikTok, Facebook et d’autres plateformes, Rosine s’impose comme une véritable influenceuse et devient une star des réseaux sociaux, prisée pour ses contenus captivants. En 2023, elle remporte le prix de la Meilleure web comédienne au Canal2’Or. Après ses apparitions remarquées dans les séries Dinga de Blaise Ntedju et Madame… Monsieur d’Ébenezer Kepombia en 2022, elle choisit de se tourner vers l’industrie cinématographique nigériane. Elle y forge des liens avec de grandes figures de Nollywood et fait des apparitions dans les films Sister’s Aversion et Love Me for Me, réalisés par Generation Paul Joseph. En 2024, elle produit son premier film intitulé Classe à part.

Pour progresser, il est essentiel de soutenir celles et ceux qui entreprennent

Josey : la gardienne de la culture et de la tradition

Josey, chanteuse Ivoirienne@: First magazine

De son vrai nom Gnakrou Josée Priscille, Josey est l’une des artistes les plus talentueuses de la Côte d’Ivoire de ces dernières années. Auteure, compositrice et chanteuse, l’Ivoirienne touche à plusieurs genres musicaux, du Coupé-décalé au RnB, en passant par la Rumba, l’Afro-zouk, la Soul, etc. Ses chansons sont diffusées en boucle dans de nombreux pays africains et au-delà.

Son histoire avec la musique commence dès ses années au lycée. Elle intègre plusieurs groupes de musique, multiplie les collaborations, se produit dans des cabarets où elle commence à se faire un nom, et participe à un concours musical, Castel Live Opéra, où elle obtient la deuxième place.

Portée par la passion de la musique, elle décide de sacrifier sa formation à l’École nationale d’administration pour se consacrer pleinement à son rêve de devenir artiste-musicienne. Elle lance sa carrière au début des années 2010, d’abord avec des featuring, puis avec des singles à succès comme Diplôme, qui la fait véritablement connaître. Lauréate de plusieurs prix, Josey est l’auteure de plusieurs albums et singles qui rencontrent un grand succès.

Mon message, c’est l’authenticité. Je suis moi-même, et je crois qu’il est essentiel de rester fidèle à soi-même. Les jeunes filles m’admirent parce que je suis simplement moi, parce que je ne me prends pas la tête. (…) Je revendique fièrement la beauté et l’authenticité de l’Afrique

Mariusca la slameuse : Je slame, donc je suis

M. La slameuse- P. Facebook

Mariusca Moukengue, connue sous le pseudonyme de Mariusca, est une artiste slameuse congolaise (République du Congo). Titulaire d’un Master en droit privé, elle est également juriste de formation.

D’un talent remarquable, Mariusca est aussi comédienne et critique d’art. Le théâtre a d’abord été sa première passion, avant qu’elle ne découvre le slam en 2015, un art qui lui permet de se faire connaître et de gagner la notoriété qu’elle possède aujourd’hui. En 2018, elle réalise sa première tournée européenne, au cours de laquelle elle sort son maxi single Slamourail, en collaboration avec Steve Mav.

À travers son concept Slamunité, Mariusca anime des ateliers de slam dans les pays d’Afrique centrale. Son objectif est de donner la parole aux filles victimes d’abus et de violences, afin de leur permettre d’exprimer leur douleur à travers le slam, un moyen d’expression pacifique. En tant que militante pour la vulgarisation du slam en Afrique, Mariusca s’impose non seulement par ses performances artistiques, mais aussi par ses textes incisifs abordant des thèmes sociaux et politiques.

Distinguée à plusieurs reprises et ayant donné des spectacles de haut niveau dans divers pays, Mariusca est désormais une figure incontournable du champ culturel congolais.

La détermination est ce seul pouvoir qui rend possible des rêves le plus insensés. Femmes, personne ne viendra vers vous si vous ne faites pas le premier pas. La liberté ne se donne pas, elle s’arrache au prix de l’effort. Etre femme est un pouvoir de plus. Pouvoir d’être ce qu’on rêve, pouvoir de changer la société, de réussir, de transformer et de transcender. Femmes, osez, croyez en vous et en vos rêves. Rien ne sera facile mais la meilleure manière d’échouer c’est de ne rien essayer. Formez-vous, formons-nous, allons à la conquête de ce que nous voulons car tout part de la volonté. Oui, l’audace est la seule chose qui touche vraiment le ciel. Osons être et devenir. Tout dépend de toi femme, alors fonce !

Maureen Ayité : savoir persévérer

Ayité Maureen : P. Facebook

Surnommée La reine du pagne, Maureen Ayité est une entrepreneure franco-béninoise. Elle est la fondatrice de la marque de vêtements Nanawax, inspirée des Nana Benz, premières femmes d’affaires togolaises ayant fait fortune dans la vente de tissus Wax en Afrique de l’Ouest, notamment. Partie de son amour pour le tissu Wax, un projet a été monté afin de permettre à tout le monde de porter du prêt-à-porter en tissu pagne. Cette idée authentique l’a propulsée au sommet de l’industrie de la mode et de la culture en Afrique.

Elle est titulaire d’une licence LLCE (Langues, Littérature & Civilisations Étrangères) spécialité espagnol. Elle a aussi fait des études en Suisse, langue des sourds.

La marque Zara est référencée, notamment pour son réseau de distribution, et des créations sont proposées comme un brassage des cultures susceptibles d’intéresser tout le monde. Il convient de rappeler que Maureen Ayité est une autodidacte qui a également investi dans d’autres secteurs, tels que l’immobilier. Elle a habillé plusieurs personnalités connues et a su étendre son entreprise en ouvrant de nombreuses boutiques dans plusieurs pays. La main sur le cœur, un soutien précieux est apporté aux orphelinats et organisations caritatives, à qui 5 % des bénéfices de Nanawax sont reversés.

Il faut avant tout être persévérante dans ce que l’on entreprend.
Lorsque j’ai commencé mon activité, je ne disposais que de la bourse de la fac, soit cinq cents euros. C’est avec ce financement que j’ai réalisé ma première vente privée. Je n’ai reçu aucune aide financière de la part de mes parents, et je n’ai souscrit à aucun prêt bancaire.C’est avec ces cinq cents euros que j’ai démarré : location des salles, production des articles, etc.
Nombreux sont ceux qui tenteront de vous mettre des bâtons dans les roues ou de copier ce que vous faites. C’est aussi pour cela qu’il est important de persévérer.

Khady Sow : croire en soi

Khady Sow- P. Facebook

Khady Sow est une entrepreneure sénégalaise qui a choisi d’investir dans l’agriculture, l’élevage et la boucherie. Dès son plus jeune âge, elle observait ses parents prendre soin de leur potager, une passion pour l’agriculture qu’ils lui ont transmise. Cependant, il faudra attendre son échec au baccalauréat pour que l’idée de se lancer dans ce domaine se concrétise. Elle se souvient avoir démarré avec un budget de 20 000 FCFA, une somme que sa mère lui avait donnée. Grâce à cet argent, elle fait ses premiers pas en cultivant du bissap, du persil et du céleri dans un petit champ.

Vient ensuite le moment de la vente de ses récoltes, qui suscitent une forte demande. C’est à ce moment qu’elle a l’idée de créer son entreprise, Khady Légumes, spécialisée dans la culture et la vente de légumes variés au Sénégal. Avec un chiffre d’affaires pouvant atteindre 3 millions de FCFA par jour, elle utilise les réseaux sociaux pour dynamiser ses ventes, et son activité prospère. Son objectif est de distribuer ses légumes dans tout le Sénégal avant de s’ouvrir à l’international.

Khady Sow est lauréate de la 17e édition du Prix Calebasse de l’Excellence Awards, une distinction qui récompense les acteurs influents d’Afrique pour leur impact significatif dans les secteurs de l’éducation, de l’entrepreneuriat et de la culture.

Après avoir quitté l’école, j’ai décidé de suivre l’héritage familial : l’agriculture. Je me souviens encore de mes premiers pas, de ce petit champ que mes parents m’avaient prêté, où je cultivais du bissap, du persil et du céleri. J’ai commencé à vendre mes produits au marché de Thiaroye, en banlieue de Dakar. J’ai rapidement constaté l’intérêt de ma clientèle, et c’est ainsi que j’ai lancé mon entreprise, Khady Légumes

Akwaba Mousso : prendre soin

Akwaba Mousso est un centre de services intégrés ivoirien qui offre une prise en charge gratuite aux femmes et enfants victimes de violences basées sur le genre. L’objectif est d’offrir un accompagnement complet aux victimes, que ce soit sur le plan psychologique, médical ou judiciaire. Créée en novembre 2021 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, l’association regroupe un ensemble de personnes aux origines diverses, parmi lesquelles des journalistes, sociologues, avocats, juristes, sages-femmes et défenseurs des droits humains, entre autres.

Le nom « Akwaba », qui signifie « bienvenue » dans une langue ivoirienne, est judicieusement choisi pour accueillir toutes les femmes victimes de violences sous différentes formes. Elles y trouvent une oreille attentive, prête à les écouter et à leur offrir des solutions adaptées à leurs difficultés.

Parmi les personnalités derrière cette association, on retrouve Félicité Kramoh, présidente et cofondatrice ; Corine Moussa, vice-présidente ; Dr Magnatié de Sérifou, secrétaire générale ; Nemdia Daceney, secrétaire générale adjointe et cofondatrice ; Anne Bekelynck, conseillère scientifique et cofondatrice ; ainsi que Maureen Grisot, directrice exécutive et cofondatrice.

Visiter le site d’AKWABA MOUSSO : Akwaba Mousso

La résilience au cœur de leurs actions

Le point commun entre toutes ces personnalités réside dans le fait qu’elles ont su se faire un nom grâce à leur travail, leur talent et leurs contributions indéniables dans leurs secteurs respectifs. Toutefois, se forger une notoriété en Afrique, parfois dans des conditions difficiles où l’on doit d’abord lutter pour échapper aux griffes de la phallocratie, exige une grande dose de courage et de résilience. En observant leurs parcours et les actions qu’elles mènent au quotidien, il apparaît clairement qu’elles ont dû faire preuve d’une résilience constante pour ne pas abandonner. C’est cette même résilience qui leur permet de continuer à avancer et à poser des actes significatifs, en particulier pour les femmes, mais aussi pour toutes les personnes qui admirent leur engagement. Elles participent activement, en tant que femmes leaders, à l’évolution de leurs sociétés et sont, pour certaines, de véritables actrices du secteur économique.

Prenons l’exemple de Djaïli Amadou Amal, qui n’aurait pas connu le succès littéraire qu’elle connaît aujourd’hui sans une résilience hors du commun. Elle a dû affronter des épreuves inimaginables pour parvenir à ce niveau de réussite, notamment en étant forcée de se marier jeune. Après cinq ans de souffrance dans ce mariage, elle a pris la décision de fuir, avant de quitter son second mariage à cause de la violence de son mari. Issue d’une société où l’on considère que la jeune fille est faite pour le mariage et non pour l’école, elle a pourtant persévéré dans ses études, devenant ainsi l’écrivaine à succès et la féministe qu’elle est aujourd’hui. C’est d’ailleurs en partie son expérience personnelle qui inspire certains de ses écrits.

Dans nos sociétés, de plus en plus enclines à la paresse et à la facilité, il est crucial pour les jeunes filles de bien choisir leurs modèles de réussite. Ces femmes qui se distinguent positivement malgré les immenses difficultés rencontrées sur leur chemin devraient être des sources d’inspiration et de motivation pour une jeunesse féminine qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Il est essentiel de leur rappeler que la liberté et l’autonomisation des femmes passent inéluctablement par le travail, l’audace et la résilience. Se libérer du joug patriarcal nécessite de nombreux sacrifices et la mise en pratique de valeurs qu’il faut être prêt à défendre. Il faut se battre pour atteindre ses objectifs et réaliser ses rêves, et c’est ce que nous enseignent les parcours et réalisations de ces femmes que nous célébrons aujourd’hui, en cette Journée internationale de la femme.

Pour une volonté de faire émerger de nouveaux talents

L’une des plus grandes marques de générosité est de partager son savoir-faire, d’apporter son aide aux autres quand ils en ont besoin, de les soutenir dans leur évolution et leur réalisation. Travailler à faire émerger de nouveaux talents, afin de laisser un héritage ou de former la relève, est crucial pour l’art, la culture et l’éducation. C’est donc une nouvelle fois l’occasion de saluer le travail accompli par ces femmes talentueuses qui œuvrent pour faire entendre leurs voix et réinventer les codes sociaux. Incarnant la passion, la force, le courage et l’engagement, elles sont de véritables boussoles. Elles montrent le chemin, chacune à sa manière, aux jeunes talents qu’elles inspirent.

Leurs œuvres permettent à certains de découvrir de nouvelles passions et les poussent à travailler pour les développer. Plus concrètement, elles organisent des événements pour aider les jeunes filles, notamment, à prendre en main leur avenir et à bénéficier d’un encadrement propice à leur épanouissement et à leur autonomisation. Fortes de leurs expériences et conscientes que le talent seul ne suffit pas pour réussir, elles œuvrent pour offrir des formations et des conseils afin que les générations futures disposent des outils nécessaires pour poursuivre la mission de transformation sociale qu’elles ont initiée.

Par exemple, Bellevue Kandy forme et accompagne les jeunes souhaitant faire carrière dans le cinéma, leur offrant les outils nécessaires pour réaliser leur rêve. Avec les moyens dont elle dispose, elle les encourage particulièrement à saisir les opportunités offertes par des plateformes numériques comme YouTube, qui permettent de vendre leur talent. L’entrepreneure Khady Sow, quant à elle, propose des formations en agriculture au Sénégal, et de nombreuses personnes suivent déjà ses pas. Mariusca, la slameuse, organise des ateliers de slam pour enseigner aux jeunes filles à maîtriser cet art qu’elle considère comme une arme de combat non-violente. Enfin, Carmen Toudounou joue un rôle essentiel dans la formation de la relève littéraire féminine africaine.

Par Boris Noah

2 commentaires

  1. Merci pour cet hommage !
    Il aurait fallu choisir une par pays pour respondre vraiment au tire de l’article et faire un tour d’horizon au lieu d’avoir deyx par pays ; Congo, Cameroon)
    Est- il possible d’avoir le contact de certaines d’entre elles (Site Web, courriel ou aute contact)
    L’organisme Akwaba Mousso)
    La slameuse du Congo
    La beninoise
    La togolaise
    Merci

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