La fin de Mame Baby de Gaël Octavia

Analyse littéraire

Nos rédacteurs chevronnés décortiquent, décomposent, passent les ouvrages littéraires francophones au peigne fin pour observer le sens, la structure et la portée d’une parution récente ou vous font redécouvrir un grand classique. 


Honneur à Gaël Octavie, La fin de Mame Baby, Paris, Gallimard « Continents noirs », 2017:.

L

e roman féministe de cette rentrée littéraire chez Gallimard Continents Noirs a pour nom : La fin de Mame Baby. Il s’agit du premier roman de Gaël Octavia.

Dans cette toute petite ville qu’on appelle « Le Quartier », quatre femmes se racontent. À travers elles est mise en exergue la question de la relation à l’autre, aux autres et à la culture. Relation qui se construit, qui se déconstruit et qui se reconstruit. 

La femme

Ces quatre femmes qui refusent de s’enfermer dans un cadre prédéterminé sont des femmes libres qui ont en commun la désolation. Mariette vit dans le souvenir d’une vie remplie, mais inaccomplie. Elle fume, boit du vin pour tenir. Aline, discrète et un peu taciturne écoute beaucoup, mais elle porte une douleur que Mariette ignore : Ce qui l’a amenée sept ans auparavant à quitter « le Quartier ». Suzanne la petite blanche qui s’occupait de Mariette avant l’arrivée d’Aline. Celle-là (Suzanne) c’est l’amoureuse qui accepte de tout endurer par amour de cœur et du sexe. Enfin, il y a Mame Baby l’omniprésente à travers le souvenir de Mariette. Mame Baby c’est un peu la Simone de Beauvoir de la ville. Elle a fait de bonnes études à Paris : Normale Sup.

La présence

Dans ce roman, on croise l’histoire. L’histoire des femmes. L’histoire de la femme noire, celle qui n’a pas besoin de se fabriquer une nouvelle identité pour être. Gaël Octavia invite la femme à être tout simplement elle parce qu’elle a le droit d’être elle. C’est un devoir envers la postérité : ne pas se nier. C’est ce qu’est finalement Mame Baby. Dans ce roman, on croise la liberté. Décider de partir ou de rester est une liberté que tout le monde ne peut pas comprendre. Aimer au-delà ou en dehors des appartenances est parfois vital, car il n’y a rien de déterminé dans la vie. Seule compte la liberté.

Nathasha Pemba remercie les Éditions Gallimard « Continents noirs » pour cette collaboration.


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